Nous ne savons pas si c’est la chaleur, l’idée de retrouver la plage ou les visions successives de Gentleman Jack et des deux saisons de Dr Foster mais notre obsession du moment se nomme Suranne Jones. Assez peu versée dans les séries anglaises en dehors de Torchwood et de Downton Abbey, nous ne connaissions pas cette stupéfiante comédienne de télévision et de théâtre passée (forcément) par la case Doctor Who le temps d’un épisode durant lequel elle incarnait rien de moins que… le Tardis enfin sa version humaine, en gros la femme du Doctor mais tout cela est très compliqué.
Ce moment gênant où Suranne s’est fait la tête d’Helena Bonham Carter !
Avant cela, Sarah Anne Jones renommée Suranne est passée par la case soap puisqu’elle joua 7 ans dans Coronation Street, feuilleton cultissime à l’antenne depuis 1960. S’en suivront plusieurs mini-séries dans lesquels elle tient l’un des deux rôles principaux. Puis en 2009, Jones retrouve une des scénaristes de CS, Sally Wainwright.
Coup de foudre professionnelle entre les deux femmes qui ne vont presque plus se quitter. Wainwright lui offre le premier rôle de la série The Unforgiven, puis elles posent ensemble les bases de la série suivante, Scott & Bailey, sorte de Cagney & Lacey à la sauce british.
33 épisodes plus tard, Jones se voit offrir le rôle qui va asseoir définitivement son jeu et sa carrière, Doctor Foster. Un succès international puisque la série fera même l’objet d’une adaptation française assez fidèle à la saison 1 avec Claire Keim après une diffusion sur C8.
Cette fois, Jones ne collabore plus avec Wainwright mais avec le dramaturge Mike Bartlett. Un coup d’oeil au CV du bonhomme et on sera déjà moins surpris par la teneur dramatique de cette histoire à la base somme toute banale : une femme découvre que son mari la trompe avec une jeune femme de 23 ans. Sauf qu’avec la propension au tragique de Bartlett et l’insolent talent de Jones, le pitch devient sombre, inquiétant et la série tourne à l’obsession comme son héroïne.
« Tu me trompes ? Tu vas souffrir. Non, attends, on va tous souffrir »
C’était sans doute inconscient mais c’est pourtant bien ainsi que les choses vont tourner pour le docteur Gemma Jones, mariée depuis 15 ans à Simon avec lequel elle a eu le jeune Tom, 14 ans. Aimée de son mari, respectée de ses patients, épanouie sexuellement dans son mariage, le Dr Foster suit son instinct quand elle trouve un cheveu sur l’écharpe de son époux. Et ce qu’elle va découvrir va dépasser son imagination. Forte mais faillible, Gemma va se laisser entraîner au fond de l’abîme. La jalousie, la vengeance et presque la folie vont avoir raison d’elle, de son job, de son équilibre, bref, de sa vie.
Car c’est un beau gâchis qui s’impose à nous au terme des deux éprouvantes saisons de 5 épisodes où se mêlent le désir et la haine. La frontière entre les deux étant toujours ténue pour ne pas dire variable selon les situations.
A tel point que l’on en vient à ne plus aimer Gemma, à ne plus vraiment la voir comme une victime (même si elle l’est sans aucun doute). Parce que passés le choc de la découverte et la satisfaction de la vengeance, elle aurait du faire table rase et repartir à zéro. Pour le salut de son fils, de son travail et de sa vie de femme.
L’entêtement et les manipulations dont Gemma fait preuve sont autant de pain béni pour une comédienne habitée par son rôle. Sa descente aux Enfers n’en est que plus fascinante.
Doctor Foster s’achève donc au bout de deux saisons en 2017 (même si rien n’a été exclus de la part de l’actrice quant à une saison 3). Le temps d’une apparition dans la mini-série Vanity Fair et d’un nouveau rôle dans la série Save me, voilà notre Suranne prête pour le second rôle de sa vie, celui d’Anne Lister dans Gentleman Jack.
Un projet qui tient grandement au cœur de Sally Wainwright qui rêve depuis longtemps d’adapter le journal intime mais publié d’Anne Lister, célèbre en France pour ses exploits d’alpiniste mais plus connue en Angleterre pour avoir été la première femme moderne à s’affirmer en tant que telle, homosexuelle assumée et propriétaire terrienne qui tente de s’en sortir dans les années 1830.
L’incroyable destin de Lister a déjà fait l’objet d’adaptation mais cette fois, le projet a tout pour faire grand bruit : Suranne Jones dans le rôle titre, Sally Wainwright au scénario et une production (et diffusion) conjointe de la BBC et de la chaîne américaine HBO (qui a bien besoin de nouveautés avec la fin de son hit, Game of Thrones).
Pour l’occasion, Suranne Jones troque le stéthoscope contre la plume et le SUV de Foster contre la marche à pieds du tourbillon Lister que la caméra tente de suivre tant elle marche vite.
Une femme comme on n’en voit pas à cette époque qui, tout en se battant pour la survie de son domaine, se lance dans un flirt qui la dépasse. Cette grande séductrice au cœur brisé par une maîtresse qui lui a préféré un époux séduit Ann Walker, une riche orpheline. Mais la plus accro des deux n’est pas celle que l’on croit.
Tiraillée entre ses responsabilités, son amour pour sa tante malade et son besoin de voyager, Anne cherche avant tout une femme à épouser. Pas totalement comme les mariages de l’époque mais en respectant symboliquement jusqu’aux sacrements de l’église. Même si la société n’est pas prête à l’accepter telle qu’elle est, elle veut à raison vivre sa vie selon ses principes.
Curieuse et passionnée de tout, Anne ne se laisse pas menacer ou même tabasser sans réagir. Personne ne l’intimide si ce n’est son propre cœur.
Un rôle en or qui fait office de cerise sur le gâteau d’une carrière que l’on espère très longue.
Si vous ne la connaissez pas encore, faites donc la connaissance de l’épatante Suranne Jones !
Elle vaut tellement le détour !
Comment