Les fans l’attendaient, Shonda Rhimes l’a fait : ses deux dernières héroïnes, Olivia Pope de Scandal et AnnaLise Keating de How to get Away with Murder se sont enfin rencontrées à l’occasion d’un crossover explosif diffusé la semaine dernière sur ABC.
Pourquoi, comment et surtout pour quel résultat, on vous dit tout !
Petit retour sur le contexte sans trop spoiler.
La fixeuse la plus connue de Washington évolue désormais en solo loin de la Maison Blanche et de ses anciens gladiateurs. Comme AnnaLise au début de HTGAWM, elle enseigne ses pratiques à l’université.
De son côté, AK comme l’appelle son étudiant Asher fait face au plus grand défi de sa carrière : un énorme recours collectif qu’elle souhaite plaider devant rien de moins que la Cour Suprême. Elle est sur le point d’abandonner quand une autre de ses étudiantes Michaela lui parle d’Olivia.
Pour la petite histoire, Scandal en étant à sa toute dernière saison, c’était le moment ou jamais de faire se rencontrer les deux femmes. Même si Kerry Washington apparaît techniquement à la fin du 12ème épisode de Murder, histoire de teaser le crossover, celui-ci commence réellement d’abord dans Scandal s7e12 et se poursuit dans HTGAWM s04e13.
Une rencontre qui restera sans doute longtemps dans les mémoires des sériephiles voire des critiques et pourquoi pas des universitaires et ce, pour plusieurs raisons.
Au cours de ces deux fois 45 minutes, Annalise et Olivia vont tour à tour se jauger, s’affronter, se rassurer, s’engueuler, se soutenir et se respecter avec un but commun : gagner cette affaire à nulle autre pareil et dénoncer le racisme de l’Amérique.
Avec deux personnages aux caractères aussi tranchés, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elles boivent le thé au coin du feu chacune étant en plus à une période charnière de sa vie.
Avec ce spin-off, c’est un peu comme si Annalise Keating faisait entrer une Olivia Pope terriblement esseulée dans sa famille privée et professionnelle. En quittant la Maison Blanche et le cabinet qu’elle a créé, Olivia est complètement seule, en quête d’une sorte de rédemption.
En revanche, en dépit de ses relations compliquées avec son groupe d’étudiants qui l’accusent une fois sur deux des problèmes de leur vie mais ne peuvent pas se passer d’elle, AnnaLise est plus entourée que jamais. Ce n’est donc pas un hasard si Shonda Rhimes décide de donner un rôle important à la mère de l’héroïne dans ce spin-off (on aime tellement Cicely Tyson !).
Un peu malgré elle, Olivia Pope est présentée à ses inconnus qui l’émeuvent et dont elle finit par se charger pour pouvoir laisser AnnaLise faire son job.
La très belle scène entre Olivia et Ophelia vient rappeler à quel point l’héroïne de Scandal a manqué de l’amour d’une mère (la sienne est une tueuse sociopathe). L’empathie de la vieille dame cache aussi un discours en cohérence avec les actions d’Olivia et d’AnnaLise. Sans les femmes fortes de ce monde, le monde finira par s’effondrer !
Ce qui fait la force de ce face-à-face entre la fixeuse de Washington et l’une des meilleures avocates du pays c’est aussi la puissance du discours soutenu par l’épisode.
A travers ce recours collectif qui met en avant que les pauvres et les minorités n’ont pas non plus les mêmes chances de s’en sortir en prison, la créatrice Shonda Rhimes met en exergue des thèmes qu’elle a traité dans chacune de ses séries.
Mais ces thèmes ont une résonance encore plus particulière quand ils sont soutenus par deux puissantes héroïnes afro-américaines qui font autorité.
Pour autant, le crossover n’oublie pas de souligner qu’Olivia et AnnaLise, aussi importantes soient-elles aujourd’hui, ne viennent absolument pas du même monde.
La première est née, certes de parents psychopathes mais avec une cuillère en argent dans la bouche alors qu’AnnaLise vient d’une famille pauvre et très tourmentée.
C’est là qu’il faut aussi reconnaître le talent insolent des comédiennes. Aucune des deux ne tirera la couverture à soi et leur partition est absolument parfaite.
Kerry Washington impose une Olivia offensive mais moins qu’autrefois alors que Viola Davis porte la souffrance de son personnage à fleur de peau.
On le voit, en cas de crise, Olivia est la meilleure interlocutrice d’AnnaLise qui comprend qu’il faut peut-être se faire du mal pour aller mieux le temps de faire son job. Mais avant de lui filer la vodka dont a besoin l’ex alcoolique, elle va lui rappeler qu’elle a tout en elle pour délivrer une performance à la AnnaLise Keating !
Respectant à la fois le cahier des charges de Scandal et de How to get away with Murder, ce spin-off est presque un modèle du genre qui pourrait être enseigné en cours de mise en scène.
Rythme soutenu, composition musicale qui souligne l’effet de suspens, dialogues puissants, scènes fortes et moments plus légers, tout est réuni pour signer deux épisodes imposants qui font sens.
On se prend alors à rêver que, libérée de Scandal, Kerry Washington pourrait s’inviter dans HTGAWM et qu’une fois celle-ci terminée, les deux actrices fassent équipe dans une série dérivée.
Un cabinet Keating, Pope et Associés, ça aurait de la gueule, non ?