ATTENTION SPOILERS SUR L’INTÉGRALITÉ DE LA SÉRIE
Depuis l’apparition de Gregory House, l’anti-héros est à la mode ! Cet être en général brillant et détestable qui se plaît à tout détruire autour de lui et à s’auto-détruire aussi parfois au passage.
Ce personnage est rarement une femme. Il faudra attendre les héroïnes de Showtime pour assister à cette naissance. Au milieu des Nancy Botwin (Weeds) et des Tara Gregson (United States of Tara), naît Jackie Peyton (sous les traits de l’excellente Edie Falco), sans doute la plus néfaste de toutes.
La descente aux enfers de cette formidable infirmière des urgences d’un hôpital de New York durera donc 7 ans. Car si elle a bien une seule qualité, c’est d’être une professionnelle émérite. La force de la série entre autre chose est que malgré tout ce que l’on sait de sa maladie, on se laisserait facilement traiter par elle.
De son addiction aux pilules de toutes sortes, Nurse Jackie va faire une amie intime qui va saison après saison faire le vide et le mal autour d’elle. Cette BFF des Ténèbres va détruire la confiance et l’infinie patience de son époux Kevin, bouleverser le quotidien de ses deux filles, Fiona et Grace voire les mettre en danger. Elle va aussi finir par mettre en péril son travail et montrer aux collègues de Jackie et en particulier à sa protégée, Zoey la véritable personnalité de cette menteuse de génie.
Nurse Jackie est une série cruelle en cela qu’elle entretient toujours un espoir chez celui qui la suit quant à la guérison de son héroïne aussi détestable qu’elle soit devenue. Car si on pouvait tenter de comprendre sa maladie lors des premières saisons, il apparaît clair que rien ni personne ne pourra détourner Jackie de son statut de junkie.
C’est son refuge, la condition de sa survivance.
Quand, pourquoi tout cela a commencé, on ne le saura jamais ! Lorsque débute la série, il n’y a absolument aucune raison à ce recours à la drogue : elle a un travail qu’elle aime et où elle est plus que respectée, un mari aimant, deux enfants et même un amant.
De fait, l’entêtement du personnage à ne pas chercher à s’en sortir finit par questionner le sens même de l’addiction. Peut-être n’est-elle pas malade au sens où on l’entend habituellement ? Peut-être a-t-elle très jeune été sous l’influence des pilules et que c’est par cet entremise qu’elle est devenue infirmière ? Le recours à la drogue serait-il au final son état naturel depuis pratiquement toujours ? Autant d’hypothèses qui ne trouveront absolument aucune réponse !
Reste une constante dans la vie de Jackie Peyton : son métier. C’est pour le conserver qu’elle se pliera aux cures de désintoxication. Sauver son mariage ? Non. Le bien-être de ses enfants ? Pas plus. Garder ses amis ? Absolument pas.
Découverte par l’administration et mise au pied du mur, elle va se plier aux demandes et redevenir sobre… juste le temps de récupérer sa licence et pouvoir exercer à nouveau.
Impossible dans ces conditions d’avoir la moindre empathie pour cet être détestable, égocentrique, à la limite de la sociopathie dans sa façon de manipuler son entourage.
Jackie Peyton, la « parfaite » anti-héroïne ? Oui, c’est bien possible !