Interprétée par Allison Janney
Mariée à Barton (Beau Bridges), le Doyen de l’hôpital, Margaret Scully (à ne pas confondre avec son homonyme dans The X Files) est une sorte de version plus âgée de Libby Masters (Caitlin Fitzgerald). Souhaitons à cette dernière de ne pas attendre 30 ans de plus avant de remettre en question sa vie à l’instar de Margaret.
La longévité de son mariage et l’image de couple indéboulonnable qu’elle a aidé à construire cachent en fait une terrible routine qui s’est muée au fil des ans en indifférence. Leur vie sexuelle est un désert, ils font chambre séparée depuis des années. La vraie raison de la mort annoncée de ce couple tient en fait à la sexualité du Doyen : il est gay à une époque où tout le monde fait mine de ne pas savoir ce que sait, de le nier, voire de le considérer comme une abomination.
Margaret est aimée de son mari mais elle n’est pas désirée et ne l’a sûrement jamais été. L’étude de Bill Masters va lui révéler bien des choses à la fois sur elle-même et sur son époux. En même temps qu’elle ne va plus nier ses désirs et apprendre à les assouvir, elle va comprendre que ce n’est pas à cause d’elle si son couple ne fonctionne pas. C’est en cela qu’elle se rapproche de Libby Masters qui va découvrir qu’elle n’est pas à l’origine de son impossibilité de tomber enceinte. La « faute » incombe à leurs maris même si dans le cas de Barton Scully, son homosexualité est un terrible fardeau.
A 50 ans, Margaret va s’épanouir et vivre une jeunesse tardive. Elle qui n’avait jamais connu l’orgasme va prendre un bel et jeune amant et découvrir dans ses bras que le sexe est tout l’inverse de ce qu’elle a jusque là vécu. Desperate Housewife curieuse du monde dans lequel elle vit, elle va se montrer bien plus moderne et ouverte d’esprit que l’on aurait pu le croire.
Lorsqu’elle va découvrir le secret de Barton, l’affection et la tendresse qu’elle conserve pour son mari vont prendre le pas sur un quelconque dégoût. Elle est évidemment choquée au sens premier du terme mais elle voit combien il souffre, combien il lutte depuis des années avec lui-même et se retrouve finalement un peu en lui. Avant d’ouvrir les yeux sur sa propre vie, elle était comme lui, étouffée par les conventions.
Ce qui la bouleverse, ce n’est pas tant le fait qu’il aime les hommes mais qu’à cause de cela, elle n’a pas eu la vie qu’elle aurait pu avoir. Elle se sent dépossédée, comme s’il lui avait volé une existence et un mariage heureux avec quelqu’un d’autre. Aussi va-t-elle chercher à savoir pourquoi, comment, quand.
Ce qui va profondément la dégoûter c’est ce que Barton s’apprête à faire pour elle : nier sa nature profonde et se soumettre à des traitements soit-disant guérisseurs qui tiennent de la torture. Elle le refuse et lui demande d’y renoncer car s’il le fait, il ne sera plus l’homme qu’elle aime. C’est sans compter sur la détermination du bonhomme.
Autre très beau personnage féminin d’une série qui en compte déjà un certain nombre, Margaret Scully bénéficie en plus de l’insolent talent d’Allison Janney, plus connue pour son rôle de CJ dans The West Wing. Cette grande bringue élégante insuffle une émotion palpable à cette femme d’abord en souffrance qui ouvre tardivement les yeux sur sa vie et y jette un regard plein d’intelligence.
Le coin des quotes
- « Gravity pulls them towards earth but the earth keeps curving away underneath them. They’re not actually floating. What they’re really doing is falling. »
- « Barton, this marriage of ours is broken. And unless you want me to break along with it, you have to let me go. »
- « Stay single. When you’re young and in love, you think you’re the exception. »
- « If you had just discovered after 30 years that I was a martian, the least I could do was explain to you life on mars. »
Voir les personnages de Libby Masters, Virginia Johnson et Lillian DePaul
Voir le personnage de CJ Cregg dans le livre « Femmes en séries »
© Showtime
Margaret face à Bill Masters et Virginia Johnson – © Showtime/Youtube