Interprétée par Mary McDonnell
CET ARTICLE COMPREND DES SPOILERS SUR LA SAISON 2 DE LA SÉRIE
S’il n’est en rien évident de prendre la suite d’un homme, c’est encore plus compliqué lorsqu’une seconde femme de tête succède à une première femme de tête. Après plusieurs années passées dans la section des Major Crimes de Los Angeles dont la vedette était Brenda Leigh Johnson, Sharon Raydor obtient le poste tant convoité.
Après 7 ans de bons et loyaux services, Brenda (et par la même occasion son actrice Kyra Sedgwick) s’en va vers de nouvelles aventures et The Closer s’arrête. TNT ne souhaite pas tuer sa poule aux œufs d’or en si bon chemin si bien que la chaîne commande un spin-off, sobrement appelé Major Crimes dont la formule est peu ou proue la même que dans The Closer : une très nombreuse équipe de policiers résout une enquête par épisode avec un rigoureux souci du détail, le tout chapeauté par une capitaine qui sait se faire respecter.
Pour autant Sharon est très différente de Brenda. Présente dans The Closer depuis la saison 5, elle est introduite de la pire des façons : elle fait partie de la police des Polices et vient enquêter sur un membre de l’équipe. Pas le meilleur moyen de se faire des amis ! Si elle s’opposera souvent à Brenda, les deux femmes apprendront à cohabiter et l’arrivée de Sharon à la tête des Major Crimes est d’une logique totale.
L’équipe restante constituée d’hommes ne l’entend pourtant pas de cette oreille. Non seulement ils perdent leur leader qu’ils ont déjà bien eu du mal à accepter mais ils récupèrent en plus encore une femme, doublée de l’étiquette « coffreuse de flics ».
Les débuts de Sharon Raydor sont donc assez chaotiques. Féministe convaincue, elle engage l’inspectrice Amy Sykes (Kearran Giovanni) pour offrir un peu d’égalité à son département et décide de ne jamais apparaître sur les scènes de crimes. Elle préfère laisser ses inspecteurs faire le boulot en amont et arriver avec les idées claires. Un choix qui n’est pas très bien compris au début.
Son caractère calme et posé se barde d’une autorité mesurée mais évidente qu’elle soit face à ses subordonnés ou à son supérieur direct. C’est ainsi qu’elle gagnera le respect de l’équipe et surtout du lieutenant Provenza (G.W. Bailey), le plus enclin à déclencher une mutinerie. Ils comprennent bon an mal an qu’elle n’est pas l’ennemie redoutée mais un atout pour le département.
Son amour de la justice et des règles ne l’empêche pas d’avoir recours à quelques tours (légaux) pour confondre un coupable, bien aidée par des inspecteurs désormais ralliés à sa cause. Dans la saison 2, lorsque le chef du département met en doute les méthodes de Sharon en les comparant à celles de Brenda, Provenza et les autres montent au créneau pour défendre leur boss. Laquelle regarde la scène avec fierté, amusement et une évidente danse de la joie intérieure.
Mais ce qui participe le plus à nous rendre Sharon sympathique (outre l’interprétation de Mary McDonnell qui trouve ici son meilleur rôle après celui déjà très intéressant de Laura Roslin dans Battlestar Galactica) c’est sa relation pleine de délicatesse avec Rusty (Graham Patrick Martin). Ce jeune prostitué devient, malgré lui, le témoin clé d’un meurtre et est obligé, dans l’attente du procès, de rester sous la juridiction de la police. Sauf que ce garçon d’à peine 16 ans n’a plus personne dans sa vie. Cette toute première enquête pour Sharon sera aussi un tournant dans sa vie personnelle désormais désertée. Séparée de son mari avocat depuis 20 ans et mère d’un garçon et d’une fille qui ont depuis longtemps quitté le domicile familial, Sharon décide d’accueillir ce petit oiseau tombé du nid. Le gamin est sauvage, déjà bien abîmé par la vie et chacun va peu à peu apprivoiser l’autre à tel point qu’une vraie famille va se former autour de Rusty, composée de chacun des membres de l’équipe.
Sharon comprend que brusquer Rusty ne servira à rien, il voudra fuir à nouveau. Aussi lui laisse-t-elle une certaine latitude, tout en continuant à l’observer derrière ses strictes lunettes qui contrastent de plus en plus souvent avec son humour très sarcastique.
Défendre la veuve et l’orphelin n’aura jamais décrit aussi justement l’implication du Capitaine.
Elle aime cet enfant fragile qui le lui rend bien en appliquant les mêmes méthodes à la maison que dans son commissariat. Et lorsque dans la saison 2, le retour de son mari (campé par Tom Berenger) menace le délicat équilibre de sa relation avec Rusty, elle rue doucement mais sûrement dans les brancards, rappelant gentiment à Jack qu’il ferait mieux d’être présent pour leurs enfants plutôt que pour Rusty. Un réflexe de défense quasi maternel qu’elle avait déjà eu lorsque dans la saison 1, le père du jeune homme refaisait surface avec des intensions troubles.
Le secret de son succès avec Rusty c’est qu’elle est très peu invasive. Même si elle brûle de savoir ce qui se trame entre lui et une jeune fille de l’école ou même si elle a compris à demi mots que les intérêts de Rusty vont plutôt vers l’autre sexe, elle ne posera jamais de questions. Elle reste à l’écoute, elle observe, elle conseille. Les seules fois où elle se montre sans appel et péremptoire, c’est quand la vie du jeune homme est menacée. Elle le sera plus que jamais dans cette seconde partie de saison 2 alors que l’équipe, poussée par Rusty met tout en œuvre pour capturer la personne qui envoie des lettres de menaces au jeune homme. Sharon va plus que jamais faire valoir ses droits de tutrice et de mère de substitution pour empêcher Rusty de se jeter dans la gueule du loup et va lui sauver la vie une nouvelle fois. Mais un travail de longue haleine attend encore Sharon : continuer à entourer et soutenir ce garçon et à l’aimer alors que lui-même déteste ce qu’il est.
Autant de qualités qui en font une flic (et une femme) d’exception, moins spectaculairement bizarre que Brenda Johnson mais autrement plus passionnante.
Le coin des quotes
- « Oh, trust me. You’re not the first adolescent to my home with your presence. Having raised two teenagers of my own, I have tremendous capacity for ingratitude !”
- “I put a murderer away for life in less than 48 hours, which is not the usual routine around here. So, yes, I feel excellent. Thank you for asking”
- « Just walk around with a guilty expression on your face, you’ll fit right in. »
- « Of course not. He’s my husband. I mean, uh, well, he’s not living with me right now. Well, he’s staying with me on the couch ’till he finds to live. Why? »
- « Rusty, I just got this job yesterday. Give me a chance to catch up. I am making a good-faith effort. I am. Rusty, if it is possible to find your mother, I will do it. I promise you. »
- « Legally I have all the rights and responsibilities of a mother and I do not need to ask your permission to seek medical attention for my son. »
- « Every murder is a hate crime. »
- « Contrary to what you see on television, it takes more than an hour to get the results on DNA. »
- « There is a difference, you know, between being mentally ill and emotionally injured. »
- « Whatever happens next, know I love you. »
- « Do you really want me to get you an attorney, or do you want to get right with God? Because sometimes it’s not possible to do both. »
- « Rusty, what you are is who I love. And all of you is coming home. »
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