Interprétée par Caitlin Fitzgerald
ATTENTION SPOILERS SUR L’INTEGRALITE DE LA SERIE
En voilà une rafraichissante Desperate Housewives ! Encore que la jeune épouse du Dr William Masters ne répond pas stricto sensu à cette définition. Elle fut certes une femme au foyer désespérée de ne pas arriver à concevoir mais cela ne la pas rendue pas aigrie. Même si son statut de blonde élégante qui fume ses cigarettes dans la cuisine et prépare pour son génie de mari un bon dîner tous les soirs la rapproche dangereusement d’une Betty Draper (Mad Men), elle n’a pas atteint le point Goodwin qui la transformera en une créature perpétuellement insatisfaite et malheureuse.
Libby aime et admire très sincèrement son époux, elle est l’innocence incarnée croyant ce Dieu de l’obstétrique (Michael Sheen) quand il lui martèle que c’est elle qui a un problème pour avoir des enfants (alors que ça vient de lui). Elle a surtout avec lui une relation étrange sans doute liée à leur différence d’âge. Stupeur et tremblements lorsque l’on découvre qu’elle l’appelle « Daddy », habitude qui lui passera fort heureusement avec le temps. Il y a donc quelque chose de malsain dans ce mariage qui a tout de raisonnable et de réfléchi mais sans véritable amour. S’ils dorment dans la même chambre, ils font lits séparés.
Vivre aux côtés d’un workholic peu bavard n’est pas chose aisée mais Libby ne se dépare jamais de sa douceur et de son flegme de jeune femme bien élevée. Elle souffre en silence de ne pas inspirer à son mari le même désir qu’il trouve dans son étude c’est donc d’autant plus amusant de la retrouver en lieu place de Virginia, en fin de saison, pour l’aider à la présentation de son travail.
Dépassant le fait que Bill lui a menti sur son infertilité et après avoir essuyé une fausse-couche, elle demande à Ethan Haas (Nicholas d’Agosto), médecin et protégé de son mari de retenter l’ancêtre de la FIV sans en avertir Bill. Et bien qu’elle doute de plus en plus de l’intérêt d’avoir un enfant pour son mari, elle ne veux plus sacrifier ce qui fera vraiment son bonheur. D’ailleurs lorsqu’elle accouche seule dans un hôpital réservé à cette époque là aux « personnes de couleurs », elle tarde à dessein à informer Bill car elle veut profiter au maximum de son enfant.
D’un caractère sociable et avenant, Libby se lie rapidement à Virginia (Lizzy Caplan) qui lui simplifie grandement la vie. Elle ignore évidemment tout de la relation de cette dernière avec Bill dans le cadre de l’étude (et au-delà) mais elle se rend bien compte que l’assistante est une perle indispensable au savant acariâtre.
De manière générale, la jeune femme ne semble pas être dupe de grand chose mais son éducation lui a appris à ne pas creuser les questions qui fâchent. Elle semble par exemple comprendre à demi-mot que le père de son mari n’était pas un homme bien.
On retrouve cette intelligence teintée de retenue dans sa relation aux noirs qu’il s’agisse de l’ouvrier qui lui apprendra à danser ou de la femme qui lui permettra d’accoucher. Ellle sait qu’en tant que WASP, il est de bon ton de ne pas « frayer » mais elle est curieuse de nature et ne demande qu’à gentiment bouleverser l’ordre établi. Voilà qui la rapproche étonnement de Bill et de Virginia.
La saison 2 continuera d’ailleurs d’explorer de façon assez étrange cette relation ambigüe entre la blonde et les afro-américains qui l’entourent. Désormais mère de deux enfants, de plus en plus éloignée de Bill, malheureuse dans son mariage, sexuellement frustrée, la jeune femme passe ses nerfs sur sa jeune baby-sitter noire, allant jusqu’à lui laver les cheveux de peur qu’elle amène des poux dans le foyer.
A cette époque, Libby n’est plus que l’ombre d’elle-même, flirtant avec un racisme primaire. Sa rencontre avec le frère de la jeune fille, qu’elle prend pour son petit-ami, va tout changer. Fascinée par cet homme qu’elle désire sans se l’avouer, elle va épouser sa cause à une époque où la révolution afro-américaine prend tout son essor. Son implication de plus en plus prégnante trahie un fort besoin de se sentir utile à quelqu’un, à quelque chose face à un mari qui l’ignore.
Son attirance pour Robert Franklin n’en est que plus décuplée et ce n’est que lorsqu’elle cèdera à son propre désir que la liaison entre Bill et Virginia lui apparaîtra évidente.
Libby Masters s’éveille ainsi peu à peu au monde et il n’est pas exagéré de dire qu’elle est sans doute le personnage féminin de la série à connaître la plus intéressante évolution en particulier dans l’ultime saison 4.
Au fur et à mesure des années, Libby s’est défaite de tout ce qui la rendait malheureuse, de son mariage raté à sa petite vie bien rangée. Elle a expérimenté le sexe sous toutes ses formes et connaît avec l’arrivée des années 70 des envies d’évasion à travers des substances très en vogue à l’époque. Mieux que cela, la petite épouse timide et craintive des débuts est devenue une femme épanouie que rien n’arrête : l’amour, les études de droit… Une renaissance !
Belle découverte que Caitlin Fitzgerald au physique très Grace Kellyen qui se glisse dans la peau de Libby avec un port altier délicat. A l’instar des autres comédiennes de la série, elle maîtrise à la perfection la fraîcheur et le drame et rend le personnage formidablement attachant.
Le coin des quotes
- « Twenty three times. They must’ve fallen in love. Did they fall in love? »
- « The purpose of sex isn’t to have an orgasm, it’s making life! »
- « Maybe someday someone he shares a passion with, will have more to offer him than his wife. »
- « In 4 months, we’re going to have another visitor who needs everything done for him. Maybe we should look at this time with your mother as a dress rehearsal. »
- « I’m used to sharing Bill. »
- « Maybe in a strange way it’s romantic, the two of us together, making a baby through science. »
- « Maybe that’s the key, to let go of some ideal. To live the life that you have, not the life that you thought you would have. To finally just accept what is. »
- « What if you did it because you wanted me? What if that was the reason? »
- « I never got to be that, dumb maybe, but never a kid. They called me “the little grown up” and I was so proud of that, of being good and following the rules. Anything to be the teacher’s pet, but then you grow up and there’s no teacher to please. Just some idea of what people expect from a pretty girl. You make a nice home and you raise well-behaved children. You don’t make waves, you don’t make trouble, you keep your voice down. And you go along like that and your wanting to be good makes you quiet, so quiet that you forget the sound of your own voice, people forget that you’re there, your husband forgets that you’re there. Maybe you aren’t and you meet someone who doesn’t like you very much, who doesn’t think that you’re kind of you’re good, who thinks that you’re ignorant or prejudice even, which maybe deep down you are. And this thing that you have been afraid of forever, someone thinking ill of you, it is almost a relief because at least someone is seeing you and you are not invisible. «
- « Oh we’re wearing the same color you and I. Do you think it’ll look like a uniform? Like what all of Bill Masters’ women wear? »
- « You’ll come with me and Bill, we’ll go as a triumvirate!! »
- « I think he fears an apology would weaken him. I think he fears so many things. »
- « He’s not just rolling downhill Ginny, I mean he’s picking up speed. »
- « Dr. Masters and I were just discussing, well he has his way and I have mine. He may know what’s best for his patients’ babies, but here at home that is my domain. »
Voir les personnages de Virginia Johnson, Margaret Scully et Lillian DePaul