Interprétée par Lizzy Caplan
ATTENTION SPOILERS SUR L’INTEGRALITE DE LA SERIE
Comment rendre pleinement et justement hommage à l’héroïne de l’année ? Voilà toute la difficulté d’un portrait consacré à Virginia Johnson, femme libre de corps et d’esprit dans la très étriquée Amérique des années 50. Comme le soulignera l’un de ses ex maris (elle en a 3), Ginny est une femme unique en son genre qui ne fait rien de spécial pour qu’on l’aime en dehors d’être elle-même. Et cela suffit amplement pour arriver jusqu’au cœur des hommes et des femmes qu’elle rencontre.
Comme son caractère, son parcours personnel est atypique. Ainsi avant de devenir l’assistante de recherche dont Bill Masters (Michael Sheen) ne pourra se passer et qui va faire muter l’étude sur laquelle il travaille en solo, Virginia mène une vie bohème. Elle enchaîne donc les mariages et les jobs (elle accompagne son troisième mari musicien sur les routes et chante dans des cabarets) avant de tomber enceinte. Vive, intelligente et déterminée, elle sait que la vie de femme mariée ne lui convient pas et décide de commencer une nouvelle vie seule. A peine trentenaire, Virginia pose ses valises à St Louis avec son fils et sa fille qui n’ont pas dépassé la dizaine pour le plus grand des deux.
Secrétaire parmi tant d’autres dans cet hôpital bondé, elle va faire LA rencontre qui va bouleverser sa vie. Le grand William Masters, gynécologue de génie, véritable star de la profession cherche une femme de confiance pour diriger son bureau. Virginia obtient bien évidemment le job et bien plus encore. Ces deux êtres que tout oppose vont se retrouver sur un terrain commun : l’étude du sexe. Bill souhaite l’étudier et à la différence de pratiquement toutes les femmes de son entourage, Ginny est parfaitement à l’aise avec sa sexualité. Rien ne saurait la choquer et si l’étude va lui en apprendre beaucoup, elle savait déjà l’essentiel. Et si les résultats de cette étude peuvent amener les femmes des années 50 à ne plus considérer le sexe comme honteux, gênant ou frustrant, ce sera pour Virginia une victoire.
Elle ne se qualifiera jamais de la sorte mais elle est une vraie féministe dans les actes et dans sa philosophie de vie d’une façon bien moins revancharde que peut l’être la seule femme obstétricienne du département, Lillian DePaul (Julianne Nicholson) qui voit dans ses collègues masculins comme des ennemis.
Pour Virginia, les hommes ne sont pas nocifs ou inférieurs, elle les aime, les admire, les contient, les supporte mais n’a au final pas besoin d’eux pour vivre. Ce serait même plutôt le contraire. Elle ne peut être que désolée de constater l’attitude machiste des hommes à l’égard des femmes et d’elle-même mais parvient à s’en défendre avec des armes justement toutes féminines. Comme elle le dira à Lillian, elle sait quelles ficelles tirer pour obtenir ce qu’elle souhaite. Et s’il faut pour cela gentiment flirter avec les membres du conseil, il n’y a aucun mal à ça. Virginia sait toujours être la plus maligne.
Là où elle va aller de surprises en déconvenues c’est dans la tournure personnelle que va prendre sa relation de travail avec Bill. En décidant d’un commun accord de devenir les sujets de leur propre étude, Bill et Virginia vont passer un point de non retour. Ils feront l’amour 23 fois. L’observation de Libby Masters (Caitlin Fitzgerald) qui a lu le dossier de ce couple sans savoir qu’il s’agit de son mari et de sa secrétaire est alors très juste : « S’ils ont fait ça 23 fois, ils ont du tomber amoureux ». Oui, ils ont du.
Virginia se retrouve alors dans une situation extrêmement inconfortable. Elle devient la maîtresse dans une liaison qui n’a pas vraiment ce nom-là. Lorsqu’elle s’autorise à lâcher prise et à considérer leurs expériences nocturnes entre plateau, orgasme et résolution comme des moments personnels à deux, la réalité vient la frapper en pleine figure : cet homme est marié à une femme charmante qu’elle respecte d’ailleurs infiniment et dont elle est devenue l’amie.
Elle n’a alors plus que le choix de démissionner, grandement aidée par un acte particulièrement rabaissant de Bill qui lui offre de l’argent pour sa « participation ». Mais Virginia a toujours su rebondir et elle le fait cette fois aux côtés de Lillian, cette femme peu amène qu’elle a appris à connaître puisque cette dernière est son professeur. C’est là une autre facette remarquable de la personnalité de Virginia : sa détermination à progresser, à apprendre et à obtenir ce diplôme qu’elle n’a jamais pu avoir. Malgré un boulot de jour, une étude de nuit, des enfants à gérer, elle se paye le luxe de réussir ses examens haut la main.
De la même façon que son professionnalisme et sa débrouillardise se sont imposés à Bill, elle va devenir essentielle à ce grand médecin qu’est DePaul et qui rappelle Masters par bien des aspects. Virginia serait-elle attirée par les personnalités complexes et antagonistes à la sienne ? Très probablement. Evoluer au contact de ce type de personnes la stimule. Au-delà de leur relation de travail, Lilian va devenir une véritable amie pour Virginia qui constate qu’elle est très personnelle. Aussi avenante soit-elle, elle n’a pas l’habitude de copiner, sa vie est compartimenter entre les amants, le travail et les enfants. La maladie et le décès de cette dernière sont des chocs importants qui amènent Virginia à enfin repenser ses choix de vie. Oui, elle est dans une relation adultère avec Bill, oui, elle trahit Libby. Oui, elle n’est pas une femme « bien ».
Lorsque les relations qu’elle entretient sont trop faciles, elle s’ennuie comme c’est le cas sur un plan personnel avec Ethan (Nicholas D’Agosto). Il est beau, il est fou amoureux d’elle, il adore ses enfants et s’en occupe mieux que leur père (pas difficile ceci dit !) mais la vie qu’il lui propose est trop simple, trop normale.
En total décalage avec la société de l’époque, Virginia Johnson est une femme courage qui n’en tirera jamais de satisfaction personnelle. Intelligente, empathique, parfois follement téméraire, elle prépare le monde à un futur différent pour les femmes.
Cette extrême positivité du personnage ressort toutefois plus tempéré dès la saison 2. A partir de la saison 3, les scénaristes opèrent un curieux et dommageable virage à 180° et font peu à peu de Virginia une femme hautaine, égoïste, insupportable avec ses subordonnées… féminines. Ce qui est un comble lorsque l’on a connu et apprécié la Virginia si ouverte et si féministe des débuts.
A croire que son succès professionnel a eu raison de ses valeurs. Dès lors sa relation avec Bill s’inverse. Elle s’éloigne de lui, fait des choix très discutables en matière d’hommes, se cache, ment et n’assume plus rien. Ne parlons même pas de ses relations avec ses enfants.
Ce n’est au final qu’en assumant pleinement ses sentiments pour Bill qu’elle semble redevenir humaine. Virginia Johnson qui change pour un homme ? Quel étrange revirement de situation !
Habituée des comédies tant en matière de séries que de films, Lizzy Caplan trouve ici le rôle de sa carrière d’actrice, celui qui lui permet de briller au firmament et de livrer une interprétation toute en nuances qui mérite mille récompenses. Chacune de ses apparitions amuse, impressionne, agace, bouleverse, envoûte.
Voir les personnages de Lillian DePaul, Libby Masters et Margaret Scully
© Showtime
Le Coin des quotes
Your patients adore you. They get pregnant just so they can hang around your office
You’re joking, they actually thought sleeping together meant actually sleeping.
Don’t worry, vaginas don’t bite
I think it’s inspiring, actually. A woman making a life for herself on her own steam
I didn’t see her coming. I’m always so careful, you know, with people. She’s my friend and I don’t have a lot of those