Interprétée par Laura Carmichael
ATTENTION SPOILERS SUR LA SAISON 6
Pas évident d’être la cadette de la famille Crawley. Cette pauvre Edith pourra vous en parler. Née un an seulement après sa sœur Mary (Michelle Dockery), on devine que celle qui a bien du mal à trouver un époux a sûrement toujours souffert de ce peu de différence d’âge avec son aînée. Une rivalité renforcée par les sentiments d’Edith pour Patrick, le promis de Mary qui décèdera sur le Titanic.
Un fossé sépare les deux filles. Edith n’a rien de la beauté diaphane de Mary, elle est tout son contraire. Son caractère est moins affirmé, elle doute facilement d’elle-même et sait fort bien qu’elle n’est pas la fille « préférée ». Les passes d’armes entre les deux sœurs sont légions, Edith ne parvenant que très rarement à avoir le dessus. Si elle est bien plus proche de son autre sœur, Sybil (Jessica Brown Findlay), elles n’ont guère plus de choses en commun. A la mort de cette dernière, Mary aura cette phrase terrible pour Edith : « Nous allons devoir essayer de nous aimer comme des sœurs maintenant ». Comme si Sybil avait été ce lien fragile qui les liait l’une à l’autre.
Au fond, Edith n’a jusqu’ici pas encore trouvé sa place dans cette fratrie aux caractères prononcés et globalement dans la famille qui, le croit-elle, la considère comme une cause perdue. En vérité, ses parents Cora (Elizabeth McGovern) et Robert (Hugh Bonneville) n’ont montré que de l’amour à son égard, de même que sa grand-mère Violet, aussi acide avec elle qu’avec les autres. Par contre, ils ne sont pas débordants d’enthousiasme à son propos. Seul Matthew (Dan Stevens), le mari de Mary se montrera intéressé par ses projets dans le journalisme.
Ce qui pose souci aux Crawley, ce sont les échecs sentimentaux qu’Edith va connaître. Elle a de prime abord bien moins de succès que Mary qui vampirise l’attention (dont elle hérite souvent des « miettes ») et un intérêt particulier pour les mauvais chevaux. En témoigne son union avortée avec Anthony Strallan (Robert Bathurst), un noble estropié bien plus âgé qui la laisse littéralement devant l’autel, ne se pensant pas assez bien pour elle.
Edith se démarque pourtant des autres femmes de la famille par sa modernité et son ouverture d’esprit sur le monde extérieur. C’est elle qui demandera à Tom Branson (Allen Leech) de lui apprendre à conduire une voiture. Quand la guerre éclate et que Downton se transforme en hôpital, elle apprend avec l’aide de Sybil à se rendre indispensable pour les blessés.
Elle a sûrement eu la même éducation que ses sœurs mais elle dispose d’une curiosité que n’ont pas les autres. Elle lit les journaux, se tient au courant et s’intéresse. L’une de ses lettres adressée au Times retiendra d’ailleurs l’attention du rédacteur en chef Michael Gregson (Charles Edwards) qui lui propose de tenir une colonne dans son journal londonien.
C’est le début d’un certain épanouissement pour Edith qui trouve son style dans celui des années 20. Libérée de son corset et de robes vieillottes, elle adopte un look plus contemporain. Sa rencontre avec Michael est également décisive sentimentalement parlant. Problème, le bonhomme est marié et peut difficilement obtenir un divorce puisque sa femme est enfermée dans un asile.
En attendant que la situation se décante, ils vivent une idylle secrète. Mais alors que Michael est parti en Allemagne pour faciliter son divorce et semble avoir disparu de la surface de la terre, Edith se découvre enceinte. Soutenue par sa tante Rosamund (Samantha Bond) puis par sa grand-mère, elle renonce à avorter et part en Suisse le temps d’accoucher. Ce que ses complices ne savent pas, c’est qu’elle fait revenir en Angleterre sa fille qu’elle fait « adopter » par une famille fermière à côté de Downton.
Jusque dans sa situation personnelle compliquée, Edith est originale et moderne.
Mais en voilà une fausse bonne idée ! Continuellement chez le couple pour voir l’enfant, Edith se met à dos la mère de famille (qui ne connaît pas la vérité) qui menace de garder la petite pour de bon. Sous le coup de la nouvelle effective de la mort de Michael, victime des premières milices nazies et terrifiée à l’idée de perdre sa fille, Edith s’enfuit avec elle à Londres où elle a hérité de la maison d’édition de Michael.
Il faudra toute la détermination de Cora (enfin mise au courant) pour ramener sa fille et sa petite-fille à Downton grâce à un stratagème dont seules les femmes de la série ont le secret !
Dans la seconde partie de sa vie, Edith Crawley devient l’expression même de la modernité de la femme des années 20. A la tête du magazine de feu Michael, elle prend goût au travail, à l’écriture et à la direction d’une entreprise. Débarrassée de son odieux rédacteur en chef machiste, elle engage une jeune femme avec laquelle elle travaillera en bonne intelligence.
Sur le plan sentimental, elle trouve en Bertram, jeune gestionnaire promu marquis un homme de principe, certes dérouté par son passé (et son mensonge à propos de Marigold mis à jour par cette chère Mary) mais d’un dévouement et d’un amour équivalent à celui que lui portait Michael.
Enfin Edith trouve le courage de remettre très régulièrement Mary à sa place là où elle a laissé couler pendant des années.
Edith Crawley, l’histoire d’une révolution féminine !
Issue presque exclusivement du théâtre, Laura Carmichael se cache joliment derrière l’effacement teinté de tristesse propre au personnage. Celle qui semble être le vilain petit canard de Downton Abbey est bien plus intéressante qu’il n’y paraît.
Voir les personnages de Violet Crawley, Mary Crawley et Anna Bates
Le coin des quotes
I thought it was supposed to be unsinkable
Oh no. That’s Captain Smiley. He hasn’t an unkind bone in his body
They’re not strangers to me
To create an independent Albania. Don’t you read the papers?
Will it? Or am I to be the maiden aunt? Isn’t this what they do? Arrange presents for their prettier relations?
I don’t want to fall out with Papa, but I don’t want to be invisible, either. I’ve had enough of it
Don’t bother, Matthew. I’m always a failure in this family
I don’t have the vote. I’m not over thirty and I’m not a householder. It’s ridiculous