Interprétée par Sidse Babett Knudsen
En bons reflets des sociétés qu’elles étudient, rares sont les séries TV à mettre en avant des personnages de femmes politiques, encore plus en Europe. Et quand elles y arrivent, leur accession au pouvoir tient du hasard. Ce fut le cas de Laura Roslin dans Battlestar Galactica et de Mackenzie Allen dans Commander in Chief et c’est tout aussi vrai pour Birgitte Nyborg qui devient Premier Ministre du Danemark sans vraiment l’avoir vraiment demandé.
Pourtant une fois en place, il apparaît clair que non seulement elle tient à ce poste qui lui permet de mener à bien ses idéaux mais qu’elle maîtrise aussi son sujet malgré le machisme ambiant (les collègues masculins sont d’une condescendance insupportable) et les répercussions évidentes sur sa vie de famille. Mariée à Philip (Michael Birkkjaer) et mère de Laura (Freja Riemann) et de Magnus (Emil Poulsen), Birgitte doit faire face aux mêmes épreuves traversées par les mères de famille qui travaillent, le tout à la puissance 10. Car elle est Premier ministre et peu difficilement quitter des négociations pour une réunion de parent d’élèves.
La transition entre celle qui ne fut jusqu’ici que la chef d’un grand parti du Danemark et son nouveau statut est compliquée pour Birgitte et les siens. Philip est heureusement très compréhensif, en tout cas au début. Il met sa carrière entre parenthèses pour s’occuper de l’éducation de leurs enfants et assumer le rôle de père au foyer. Et fatalement les enfants s’éloignent de leur mère si peu présente, en particulier Laura qui traverse une adolescence difficile.
La raison d’Etat aura la peau de son mariage qui apparaissait pourtant comme terriblement solide. L’héroïne va d’ailleurs vite comprendre qu’à l’instar de bien des femmes, elle ne peut mener de front une carrière politique et une vie familiale épanouie. Après le divorce d’avec Philip et une aventure d’un soir avec son chauffeur, Birgitte ne semble pas vouloir imposer sa vie tumultueuse à un autre homme. C’est pourquoi elle tardera autant à rendre publique sa relation avec Jeremy, un architecte anglais.
D’une part, elle a compris que l’équilibre de sa famille est précaire et ses enfants passent avant tout. D’autre part, un politique a toujours des ennemis et n’importe quelle nouvelle relation peut faire l’objet d’une récupération.
D’ailleurs à la différence de la journaliste Katrine Fønsmark (Birgitte Hjort Sørensen), Birgitte ne fait pas grand cas de sa vie sentimentale. Elle n’en a pas le désir et n’en a pas le temps même lorsqu’elle ne fera plus partie du gouvernement et parcourra le monde pour faire des conférences.
Quel que soit le poste qu’elle sera amenée à occuper au cours des trois saisons que compte la série, Birgitte ne dérogera jamais à ce qui fait son caractère. Bien évidemment consciente que sa nomination au plus haut poste du Danemark fait grincer des dents en raison de son sexe, cette belle quadra a une façon bien à elle de faire passer des idées et d’avaler quelques couleuvres. Femme de tête, elle s’impose avec ce sourire discret et ces yeux malins qui se font meurtriers quand on la prend plus souvent qu’à son tour pour une imbécile.
Au Château, Birgitte va découvrir des aspects de la politique qui ne lui plaisent guère. Rien ne l’exaspère plus que la déloyauté. Elle va également devoir se plier au système des compromis. Heureusement quelques éléments demeurent et elle va pouvoir compter sur l’expérience et la sagesse de son ami Bent (Lars Knutzon) et de son spin doctor ambitieux, Kasper (Pilou Asbæk).
Dans la saison 3, elle formera une nouvelle équipe avec Katrine qui a quitté le journaliste pour devenir la porte parole du parti de Birgitte. Après des années à se croiser sur les plateaux de télé, les deux femmes ont un respect mutuel et le besoin de croire en un avenir meilleur. Elles vont tout mettre en œuvre pour réaliser cet objectif commun en gardant cette distance propre aux habitants des pays du Nord. On peut le regretter mais Katrine et Birgitte ne seront jamais amies, là encore, cette dernière ne semble n’avoir ni le temps ni l’envie de se lier.
Nyborg ne craque jamais devant les caméras, garde un calme olympien, tourne une question gênante en dérision ce qui en fait une candidate de choix pour les médias. Idéaliste qui a la tête sur les épaules et les pieds bien ancrés dans le sol, son sens de l’éthique l’honore. Plusieurs fois, elle refusera de s’abaisser à des manœuvres politiciennes en divulguant des informations personnelles et compromettantes sur un concurrent.
Elle n’a pas non plus peur de repartir de zéro quand elle estime que ses idées politiques ne se retrouvent dans aucun parti au pouvoir : qu’à cela ne tienne, elle va en créer un tout neuf quitte à se serrer la ceinture et à prendre un appartement plus petit et moins luxueux pour payer les locaux de son parti.
Sa force et son courage face à l’adversité en font aussi une tête de mule persuadée de pouvoir régler ses problèmes sans l’aide de personne. L’exemple le plus probant concerne le pré-cancer du sein qu’elle développe en cours de saison 3. Malgré les demandes de son médecin, elle va cacher la maladie à son entourage, à sa famille et à Katrine et mettre son parti, Les Nouveaux démocrates en danger durant un débat où sa fatigue et la prise de médicaments prennent le dessus.
Borgen fait partie de ces séries qui parviennent à voir l’avenir. Car peu après la diffusion de la première saison, le Danemark accueillait une très réelle femme Premier Ministre. La comédienne Sidse Babett Knudsen ne pense pas que la série ait influencé les votes de la population. On ne peut pourtant nier l’impact que la série aura eu sur la place des femmes dans les séries TV, ajoutant très finement sa pierre à l’édifice. Une qualité que l’on doit autant au créateur et scénariste Adam Price qu’à l’actrice qui a transformé en seulement 3 saisons Birgitte Nyborg en personnage culte.
Le coin des quotes
- « Dans la vie, il faut savoir naviguer…Et parfois, également, ramer à contre courant pour se démarquer. »
- « Aujourd’hui nous avons montré ce que nous voulons pour le Danemark, j’en suis vraiment fière et très heureuse. Je veux maintenant laisser la population danoise faire librement son choix pour déterminer qui sera le meilleur Premier Ministre. Ainsi je proclame que les élections du parlement se dérouleront dans la journée du 11 juin »
- « C’est la politique, Katrine, parfois, on peut perdre ! »
- « Je me souviens d’avoir discuté avec une éminente collègue du parlement européen de l’impossibilité d’avoir une vie amoureuse pendant nos mandats. Mais ça n’empêche pas d’avoir des besoins. Elle m’a fait cette étrange révélation que de temps en temps, elle s’offrait les services d’un gigolo. Le marché était conclu une fois l’argent sur la table, pas de mauvaise conscience. Pourquoi c’est cool quand il s’agit d’une femme politique au sommet et ignoble quand c’est Monsieur Tout le Monde ?
Voir aussi le personnage de Katrine Fønsmark
© DR1
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