ATTENTION SPOILERS
Interprétée par Taylor Schilling
Le retour de Jenji Kohan déjà créatrice de Weeds se fait par la case prison et sur la très en vogue plateforme Netflix.
Ainsi naquit à l’écran Piper Chapman, héroïne de Orange is the New Black ou l’histoire vraie d’une jeune WASP du Connecticut, sur le point d’épouser son tranquille fiancé d’origine juive quand son passé la rattrape méchamment.
Des années plus tôt, Piper a vécu une relation passionnée avec Alex (Laura Prepon), une jeune femme impliquée dans un trafic de drogue international et a, à l’occasion, fait circuler de l’argent sale. Il n’y a pas prescription dans son cas, aussi écope-t-elle de 15 mois ferme dans une prison pour femmes. Non seulement le choc culturel est intense pour cette oie blanche qui ne connaît de la prison que ce qu’elle a lu dans les bouquins prévus à cet effet mais la jeune femme découvre aussi qu’Alex est emprisonnée dans le même établissement. Prise de tête et de risque en perspective.
Même si la chose est de prime abord difficile à croire, l’expérience que va vivre Piper va la révéler à elle-même et va la sortir de sa zone de confort. A l’aide des nombreux flashbacks sur le personnage et sur sa vie passée avant de rencontrer son futur fiancé, Larry (Jason Biggs), le téléspectateur comprend que la jeune femme en orange a pris un virage à 180°.
Dix ans plus tôt, Piper était le prototype même de la célibataire qui profite de chaque instant de cette liberté chérie. De sa liaison avec Alex, elle a aimé l’aventure et le frisson que cela procurait sans oublier ce petit côté subversif qu’une hétéro peut ressentir en sortant avec une lesbienne assumée. Sa meilleure amie n’aimait pas Alex : elle n’en avait cure, elle avait 7 orgasmes par nuit et logeait dans des palaces à l’autre bout du monde ! La vie était belle.
Et même après la rupture initiée sans merci par elle-même (faut-il le souligner !), elle a repris une vie sans contrainte, sans attache d’aucune sorte faisant en plus état d’un caractère peu amène.
La donne a changé par hasard, dans l’appartement de leurs amis communs alors que Piper et Larry profitaient de l’absence des propriétaires pour squatter le lieu. On devine alors (les flashbacks ne donnent pas dans le détail de ce côté-là) que Larry a su la canaliser d’une manière ou d’une autre. Piper a tout aussi bien pu grandir, acquérir une certaine maturité en prenant quelques années.
En tombant amoureuse de cet apprenti écrivain un peu feignasse, elle s’est posée mais chemin faisant, elle s’est aussi encroutée. L’aventurière, l’amoureuse de la vie et de ses vices, la fille cultivée qui aime la littérature s’apprêtait quand même à lancer sa propre ligne de savons artisanaux avec sa meilleure copine avant d’aller en prison. Pas vraiment le destin d’une working girl accomplie !
La prison est donc un formidable révélateur de ce que peut être sa véritable personnalité la poussant même jusqu’à une certaine schizophrénie, une folie qui s’exprime dans toute sa splendeur dans la dernière scène de la saison 1.
La première saison va donc crescendo dans la démonstration de l’adaptation de Piper à sa nouvelle vie. Son côté gaffeur va la pousser à faire plusieurs erreurs auprès de ses co-détenues qui ne vont pas faciliter son intégration, que ce soit auprès de Red, la cuisinière en chef ou en repoussant les avances de Crazy Eyes. Jeûne imposé, passage forcé en isolation vont renforcer sa détermination à se faire des ami(e)s et des ennemi(e)s quel que soit le prix à payer.
L’accumulation de galères va faire voler en éclats le peu de calme qui lui restait. Elle n’hésite pas à afficher clairement son énervement face à sa pseudo colocataire dangereuse, Miss Claudette. Un courage face à la situation qui va finalement lui attirer le respect des personnalités les plus hautes en couleurs de la prison.
Les hauts et les bas que va connaître sa reconnexion compliquée avec Alex dans l’espace confiné qu’est la prison participent aussi de ce changement qui s’opère en Piper. Si elle se sent un devoir de fidélité envers Larry qu’elle aime certainement à sa façon, il y a un très sérieux contentieux qui l’oppose à Alex. Les choses ne sont pas réglées entre elles et elles n’ont nulle part où aller. Il va s’agir là aussi de faire face, de tenter de pardonner, d’arriver à s’aimer à nouveau sans ressentir de culpabilité. Et là encore c’est Piper qui sera l’initiatrice à la grande surprise d’Alex. Dans cette relation amoureuse complexe, la dominée n’est pas celle que l’on croit.
Toutes ces épreuves vont aussi tuer le peu d’innocence qui pouvait lui rester. L’illustration la plus parfaite de cette perte a lieu lors de la visite de jeunes filles sur la mauvaise pente. Les détenues sont alors chargées de les prévenir, de leur faire peur afin qu’elles rentrent dans le droit chemin avant d’en arriver à la prison.
Face à une gamine sans peur et sans reproche, Piper va se montrer terrifiante de vérité et à la limite du cruel. « Other people aren’t the scariest part of prison, Deena. It’s coming face to face with who you really are ». Cette phrase issue de son incroyable monologue prouve que Piper est arrivée au bout de sa transformation. Elle n’a plus peur des autres, elle a peur de ce que cet environnement restreint et conditionné fait ressortir de sa propre personnalité. Pour autant, elle ne lutte pas contre car c’est le seul moyen de survivre.
Orange is the New Black est avant toute chose (et cette série est beaucoup de choses !) l’histoire de la renaissance de Piper Chapman. Le procédé est certes douloureux mais à n’en pas douter, cette jeune femme ne s’est jamais sentie aussi vivante que depuis qu’elle est en prison, en proie à des éléments qu’elle ne maîtrise pas vraiment. Voilà qui tient pratiquement du challenge. En soi, Piper n’est pas un personnage sympathique mais c’est une survivante qui combat sa fragilité et sa peur à coup de détermination.
C’est évidemment le chemin le plus court vers l’isolation qu’elle connaît décidément très bien. Confrontée une nouvelle fois à une trahison de la part d’Alex dans le cadre de l’affaire qui les lie et pleine de sentiment contrastés à son égard, elle réintègre Litchfield après un petit voyage à Chicago et devient la colocataire de Red avec laquelle contre toute attente elle s’entend très bien.
Pendant une permission de 3 jours pour enterrer sa grand-mère, elle fait définitivement le deuil de sa relation avec Larry pour constater quelque temps après qu’il couche avec sa meilleure amie, Polly. Sa détermination à récupérer Alex n’en est que plus forte et de l’intérieur de la prison, elle va organiser le retour de son ex en ces lieux. Un caïd est né !
Est aussi né le personnage le plus détesté de la série. Car à force d’obsession et de rétro-pédalage, Piper Chapman est aussi peu aimée des spectateurs que de ses co-détenues. A l’image d’une Brenda Walsh (Beverly Hills), Piper finit régulièrement dans les tops des personnages les plus insupportables.
A tel point qu’on finit quand même par se demander comment Alex fait pour la supporter et même l’épouser dans la toute dernière saison ! L’amour est aveugle, certes !
Etonnante prestation de la part de Taylor Schilling dont le jeu décalé offre parfois des éclairs de folie absolument irrésistibles. A n’en pas douter, l’actrice australienne a trouvé le rôle de sa vie.
Découvrez les autres personnages de Orange is the New Black
Le coin des quotes
What could I possibly try to be taking out of prison?
I’m like you Dina. I’m weak too. I can’t get through this without somebody to touch, without somebody to love. Is that because sex numbs the pain or is it because I’m some evil fuck monster? I don’t know. But I do know that I was somebody before I came in here. I was somebody with a life that I chose for myself and now, now it’s just about getting through the day without crying. And I’m scared. I’m still scared. I’m scared that I’m not myself in here and I’m scared that I am. Other people aren’t the scariest part of prison Dina. It’s coming face-to-face with who you really are. because once you’re behind these walls there’s no where to run, even if you could run. The truth catches up with you in here Dina and it’s the truth that’s going to make you her bitch.
believe in science. I believe in evolution. I believe in Nate Silver and Neil deGrasse Tyson, and Christopher Hitchens. Although I do admit he could be a kind of an asshole. I cannot get behind some supreme being who weighs in on the Tony Awards while a million people get whacked with machetes. I don’t believe a billion Indians are going to hell. I don’t think we get cancer to learn life lessons, and I don’t believe that people die young because God needs another angel. I think it’s just bullshit, and on some level, I think we all know that, I mean, don’t you?… Look I understand that religion makes it easier to deal with all of the random shitty things that happen to us. And I wish I could get on that ride, I’m sure I would be happier. But I can’t . Feeling aren’t enough. I need it to be real