Comme souvent dans cette catégorie, l’histoire entre Deborah Vance (Jean Smart, une habituée de notre rubrique), comédienne de stand up à la carrière très longue et Ava Daniels (Hannah Einbinder) jeune scénariste woke commence par un féroce antagonisme.
Mais la nouveauté, c’est que cet affrontement prend une bonne saison et demi à se mouvoir en sentiments profonds et attachants. Car Deborah ne va en rien faciliter les choses à Ava. Et cette dernière va toujours oser lui dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas à savoir que sa patronne est une diva égocentrique et peau de vache, qui a tout sacrifié à la création de son empire même sa relation avec sa fille, DJ (pour Deborah Junior, ironie quand tu nous prends !)
Voilà pour le côté pile de Deborah Vance qui s’accompagne d’un côté face intéressant et évolutif au contact d’Ava justement.
Deborah 2.0
Si ces deux-là se rencontrent, c’est par l’intermédiaire de leur agent commun, Jimmy. Ava a publié un tweet ironique qui l’a mise au banc d’Hollywood et le spectacle de Deborah fait du surplace depuis des années. JImmy provoque donc ce moment explosif où la vieille de la vieille reçoit la jeune qui n’a pas la langue dans sa poche, chacune croyant qu’elle est demandée par l’autre. Ce qui commence très mal va se transformer en une embauche et la création d’un binôme qui va vers le futur en exploitant le passé.
Certes, Deborah va en faire baver à Ava en lui confiant des tâches ingrates et en se moquant de la taille de ses mains (un gimmick de la série) mais en lui faisant classer toutes les archives de sa carrière, elle va permettre à la jeune femme de mettre le doigt sur ce qui va relancer l’humour et la carrière de sa boss : son passé (voir sa sœur lui voler son mari), ses échecs, ses regrets (ne jamais avoir eu son Late Show), le courage d’une femme qui fait du seul en scène à une période où il n’y a que des hommes.
Ava, féministe et bisexuelle affirmée, trouve l’inspiration dans le parcours de Deborah pour de nouveaux sketchs mais aussi en tant que jeune femme de son temps à Hollywood. Deb est une emmerdeuse mais avant tout une pionnière au panache incommensurable, une force de la nature au rire gras fabuleux. Drôle et irrévérencieuse à la fois.
Avec Ava à ses côtés, Deborah ne se renie jamais mais elle s’adoucie (un peu). Elles écrivent à 4 mains un spectacle époustouflant et l’histoire d’une vie incroyable, celle d’une icône qui ne doute de rien sur scène, mais de plein de choses en coulisses.
Choc des générations
Elle a beau être riche à millions, avoir palaces et jet privé, Deborah est seule et se voit vieillir. Elle subit et contre le temps à coup d’injections de botox et autres opérations de chirurgie. Obsédée par sa ligne, elle a depuis longtemps renoncé aux plaisirs de la vie à part l’alcool et le sexe. Quand Ava débarque dans sa vie, elle est depuis des années coincée dans une résidence de spectacles à Las Vegas. Là-bas, le temps semble s’être arrêté avant les smartphone, les réseaux sociaux et les gifs. Ava va insuffler de la nouveauté dans son quotidien avec son regard de genZ, son humour neuf et blindé de culture G. Elle va bousculer l’icône et la faire aussi descendre de son piédestal.
Il n’y a d’ailleurs rien de plus violent que leurs disputes où elles se balancent le pire de ce qu’elles pensent l’une sur l’autre… pour éviter de se dire qu’elles s’apprécient, puis qu’elles s’aiment.
Même si elles tentent de s’éloigner l’une de l’autre, elles finissent toujours pas revenir se chercher parce qu’elles forment un duo exceptionnel tant sur le plan professionnel que privé.
Rien n’est plus jouissif pour le téléspectateurs que de les voir évoluer dans des situations décalées : une croisière lesbienne, une randonnée qui tourne mal, un road trip dans le désert du Nevada, une journée dans un golf, un week-end chirurgie et spa…
Ces moments à deux ne font que renforcer leurs liens et l’alchimie des personnages qui doit autant aux dialogues qu’aux deux comédiennes (qui s’adorent dans la vie)
Voilà qui en font… les meilleures ennemies !