Quand les trois actrices principales et la production du carton de TF1, Le Bazar de la Charité se penchent sur la Première Guerre Mondiale au coeur des Vosges, ça donne Les Combattantes !
Rejointes cette fois-ci par Sofia Essaidi, Camille Lou, Julie de Bona et Audrey Fleurot campent des héroïnes que la guerre va révéler à elles-mêmes et aux autres.
Le but assumée de la productrice Iris Bucher étant de rendre hommage aux rôles joués par les femmes en période de guerre ou de grands événements historiques.
Les Combattantes est aussi le symbole d’une forme de lutte contre un patriarcat tout puissant. Ici à quelques exceptions près, les hommes sont en grande majorité des ordures. Cela nous est imposé avec de gros sabots mais ça n’empêche pas la série d’être pertinente et de faire la part belle à 4 héroïnes courageuses et loin d’être des saintes.
Faites donc la connaissance de Mère Agnès, de Suzanne, de Caroline et de Marguerite !
ATTENTION SPOILERS
Marguerite de Lancastel (Audrey Fleurot)
Comme le dit avec humour Audrey Fleurot, « je ne sais pas comment je dois prendre qu’on me propose le rôle de la pute. De toute façon, quand on est rousse, on est soit prostituée, soit sorcière ».
Force est de constater qu’on n’aurait pas imaginé meilleure comédienne pour camper ce rôle de prostituée forte en gueule, révolutionnaire avec un but bien précis. Un cliché ambulant sur le papier (qui n’est pas sans rappeler Vera dans Maison Close) mais qui prend toute sa dimension héroïque sous les traits de Fleurot.
Dans le métier depuis 20 ans, Marguerite vient dans les Vosges pour retrouver le fils qu’elle a été obligée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Après de nombreuses recherches sur son identité, elle a découvert qu’il est mobilisé et en poste à Saint-Paulin. Elle ne veut pas tant lui dire qui elle est que de faire en sorte qu’il ne meure pas au combat.
Ses investigations pour en savoir plus sur la localisation de Colin vont la faire passer pour une espionne et vont attiser les convoitises du propriétaire du bordel du village où elle officie qui fait une fixette sur elle.
Mais il en faut plus pour ébranler Marguerite même quand elle tombe par hasard sur Caroline Dewitt qu’elle a connu et aimé dans une autre vie (la France de 1914 est toute petite !).
Certes le choc est brutal pour Marguerite, abandonnée sans une explication mais les deux femmes vont finalement faire équipe pour le bien des soldats.
Parce qu’elle a accompagné son fils dans la mort, elle a l’oreille du Général Duvernet en charge du cantonnement ce qui va grandement faciliter à la fois le projet de Caroline et le vœu de Marguerite de se rapprocher de son fils.
Avec les autres filles du bordel, Marguerite va s’improviser ambulancière et aller carrément sur le front pour s’assurer que Colin, qui sait désormais qui elle est et lui en veut terriblement, n’y laisse pas la vie. Quitte à prendre des risques insensés comme toute mère.
Caroline Dewitt (Sofia Essaidi)
Pour le monde de Saint-Paulin, Caroline est la femme de Victor Dewitt, le responsable de l’usine du village, une famille de bourgeois reconnus. Elle est aussi la mère de la petite Madeleine.
Mais avec la guerre, les secrets se craquèlent et les vérités finissent par éclater. Ainsi, Caroline ne va pouvoir garder longtemps secret son passé de prostituée (Victor est un ancien client) et l’histoire d’amour qui la liait à Paris à Marguerite. Comme elle le dit très clairement à l’intéressée, Caroline a fait un choix en épousant Victor qu’elle a appris à aimer avec le temps.
Jusqu’ici dans l’ombre de son mari, Caroline doit prendre la tête de l’usine quand Victor part à la guerre et y meurt. Mais ça se fera dans la douleur car en coulisses, son beau-frère rode et fait tout pour saboter ses projets.
Quand les hommes de l’usine sont arrêtés pour désertion, elle engage les femmes de ces derniers pour faire tourner l’usine et met en œuvre avec l’aide Marguerite sa grande idée : transformer les camions de l’usine en ambulances. Voilà qui sauvera des vies et qui permettra à l’usine de continuer à tourner grâce à l’armée.
Ne manque plus que des chauffeurs… fournis par Marguerite et les filles du bordel souffrant de syphilis et ne pouvant plus travailler.
Pour les femmes du village, Caroline Dewitt tombe peu à peu le masque. Elle fend sa réserve habituelle pour un peu plus de chaleur. Pourtant elle a le coeur brisé par la mort de son mari et par la séparation d’avec Madeleine. Sa belle-mère jusque là revêche mais plutôt de bon sens lui enlève sa fille une fois son passé révélé.
Quand les Allemands menacent d’arriver au village, Caroline va encore devoir faire le choix de quitter Marguerite pour partir avec sa fille et sa belle-mère, revenue à de meilleurs sentiments, dans un endroit plus sûr.
Suzanne Faure (Camille Lou)
Suzanne est peut-être le personnage le plus moderne pour son époque mais aussi le plus féministe. Etre une infirmière avorteuse en 1914 c’est déjà dangereux et courageux à la fois.
Mais quand le dernier avortement se passe mal et se solde par la mort de la patiente et par la vengeance d’un mari policier, Suzanne n’a d’autre choix que de quitter Paris et de tenter de passer par la Suisse pour disparaître.
En cavale avec sa passeuse, une attaque des allemands dans la campagne de Saint-Paulin la décide à rester et apprendre l’identité de la passeuse décédée.
Suzanne Faure devient alors Jeanne Charrier, une infirmière réactive dans l’hôpital de fortune installé dans le couvent de Mère Agnès.
Non sans mal, Suzanne se fait sa place démontrant des qualités médicales qui vont delà de son statut d’infirmière. Et pour cause, la jeune femme veut apprendre la chirurgie et évoluer quand bien même le fait d’être femme lui dessert. Le beau médecin en charge de l’hôpital militaire ne tarde pas à s’excuser de l’avoir prise de haut.
Alors qu’elle prend ses marques à l’hôpital, les ennuis arrivent sous la forme du mari résistant de Jeanne Charrier qui fait chanter Suzanne et l’entraîne dans ses plans dangereux.
Rattrapée par le mari de sa dernière patiente, l’identité de Suzanne est mise à jour. Mais grâce à Agnès et à un énième sauvetage de patient, Suzanne n’est finalement plus inquiétée. Et peut embrasser pleinement son rôle de soignante. Et éventuellement le beau médecin !
Mère supérieure Agnès (Julie de Bona)
A mille lieux de l’idée que l’on se fait d’une Mère supérieure des années 1910, Agnès est une quadragénaire attentive aux autres à commencer par les nonnes de son couvent. Mais l’impact de la guerre, l’installation d’un hôpital dans la maison de Dieu et surtout la cruauté de l’homme au sens large auront raison de sa foi. au moins le temps de se remettre en question.
Agnès va commencer par se questionner sur sa foi et sur les différences entre ce que préconise la religion et la réalité du terrain. Quand elle découvre la véritable identité de Suzanne, elle est prête à la dénoncer (une avorteuse dans un couvent, pensez donc !) mais l’humanité de la jeune femme a raison du cœur d’Agnès. Et l’hôpital et ses soldats fantômes a bien besoin d’une infirmière très douée.
Bouleversée par le sort des combattants qui ont perdu la raison et troublée par l’un d’entre eux en particulier, Agnès lutte alors entre son statut de nonne, de femme de Dieu et de femme tout court qui éprouve du désir et y succombe.
Agnès s’en veut également de ne pas avoir réussi à sauver une jeune nonne abusée par l’abbé Vautrin. Elle le dénonce à ses supérieurs. Mais les hommes d’église se serrent les coudes et l’archevêque va jusqu’à faire du chantage à Agnès contre son silence. Ce qui va provoquer en elle un déclic, une rébellion contre les abuseurs. Dès lors elle leur livre une guerre sans merci en parallèle de la grande Guerre.
C’est aussi dans cette optique qu’elle prend la défense de Suzanne et parvient à faire changer d’avis le policier à ses trousses.
Au fond, de ces moments difficiles, Mère Agnès a tiré profit. Rien n’est ni tout blanc ni tout noir dans ce monde. Il y a des nuances dans tout et par tout.