ATTENTION SPOILERS SAISON 2
Interprétée par Clémence Poésy
Tout un poème cette Elise Wasserman, Capitaine de police de Calais aux abords du tunnel sous la Manche ! Enfin sans ronds de jambe, le poème, sans compliments, sans belles formules. Elise est une technicienne des faits, une professionnelle à l’intelligence exceptionnelle ce qui lui vaut sans doute d’être à ce poste d’importance alors qu’elle ne semble pas avoir plus de 30 ans. Cette bosseuse infatigable accro aux sandwichs américains apprend toujours plus de son métier et travaille d’ailleurs davantage comme une profileuse que comme une flic lambda. Tenace, elle n’est par contre absolument pas ambitieuse et complètement satisfaite de son poste actuel.
Le revers de la médaille c’est qu’elle est … particulière. Psychorigide, asociale et à la limite de l’autisme par moment. Brute de décoffrage, elle ne connaît rien aux interactions sociales ou sentimentales. Elle ne comprend pas leur intérêt, tout cela n’est qu’une perte de temps surtout dans le cadre de l’affaire très complexe qui l’occupe. C’est un peu comme s’il lui manquait tout un pan d’éducation. Si l’on ne sait rien de ses relations avec ses parents, il y a fort à parier que ses carences viennent de la perte de sa sœur jumelle lorsqu’elles étaient très jeunes. Ce jour-là, toutes deux devaient se noyer mais leur père n’a réussi à sauver qu’Elise. Une partie de sa personnalité serait-elle morte avec ce double parfait ? C’est l’explication la plus évidente. Surtout que la réussite de sa méthode de travail est indirectement liée à cette sœur fantôme. Afin de ne rien oublier des scènes de crime, elle explique s’être crée une maison mentale dans laquelle elle range toutes les informations récoltées. Une création de l’esprit inspirée de la maison familiale près de Bordeaux dans laquelle demeure l’image de sa jumelle. Pas vraiment très sain mais diablement efficace.
Elise vit sans affect, elle assouvie juste ses besoins qu’il s’agisse de manger ou de « faire l’amour » avec un mignon serveur qui ne demande qu’à mieux la connaître. Là encore, elle n’en voit pas le but. Faire plus amples connaissances reviendrait à changer et elle ne veut pas changer. Elise n’est donc pas la jeune femme la plus chaleureuse du monde avec son côté terrien et très premier degré. Son supérieur semble d’ailleurs à son poste pour continuer à faire le tampon entre elles et les autres.
Il lui arrive pourtant d’avoir des accès très brefs d’empathie qui tiennent en une phrase ou en un geste. Ce relatif revirement de caractère, elle le doit à son nouveau partenaire, ce drôle d’inspecteur anglais, un vieux routard de la profession qui est tout ce qu’elle n’est pas. Il est charmant, sarcastique, cool et travaille parfois hors des sentiers battus. Voilà qui pique la curiosité d’Elise et lui offre la possibilité de se lier à quelqu’un avec douceur. Grâce à Karl (Stephen Dillane) qui va traverser des épreuves avec elle et la laisser le comprendre à son rythme sans la presser, Elise va ressentir de nouvelles émotions qui la perturbent puisqu’elle ne les connaît pas. Il réussit le tour de force de la sortir de sa zone de confort en ne lui imposant rien. C’est finalement elle qui fait le boulot toute seule.
Ne ressentir aucune émotion d’aucune sorte est à la fois le défaut et la plus grande qualité d’Elise en tant que policière spécialement dans son partenariat avec Karl sur cette affaire qui va devenir pour lui particulièrement personnelle. S’il peut se permettre de ne plus être objectif, c’est en sachant bien qu’elle continuera à l’être à sa place.
Une étonnante complicité naît entre ces deux êtres antagonistes. Entre sens de l’amitié et du devoir, Elise n’hésitera pas à se mettre en travers d’une ligne de feu qui menace Karl, à s’ouvrir à lui sur sa conception des relations personnelles et à le serrer dans ses bras, chose impensable jusqu’ici chez cette jeune femme si personnelle. Au contact de Karl, Elise a commencé à faire ce qu’elle refusait depuis toujours : changer.
Dans la saison 2, Elise hérite du poste de son supérieur, du grade de commandant et demeure en charge de deux nouvelles enquêtes qui l’amènent à retravailler avec Karl, à l’affronter et l’apprécier au point de lui avouer qu’il est son meilleur ami.
Désormais chef, elle doit aussi apprendre à diriger et montrer à ses subordonnés qu’elle peut aussi se montrer conciliante et soucieuse de leur bien être ce qui va lui demander un effort surhumain. Sa mémoire photographique lui permet de connaître toutes les dates d’anniversaire et de faire montre d’un certain intérêt en les souhaitant.
Mais le plus grand défi du Commandant Wassermann, après avoir testé la vie à deux avec Gaël, le jeune serveur évoqué plus haut, va être de composer avec ce sentiment étrange qu’est l’amour.
Au cours de son enquête, elle rencontre Erika Klein qui partage avec elle la perte d’un jumeau et un passé particulièrement lourd. Elise est assaillie de sentiments qu’elle ne comprend au point de mettre en danger son enquête dont Erika est l’une des suspectes. Et comme dans toutes les histoires d’amour tragiques, ces deux-là ne sauraient finir ensemble. On a d’autant plus hâte de voir comment le personnage sortira de cette épreuve dans une potentielle saison 3.
Très bon choix que celui de Clémence Poésy pour incarner l’étonnante Elise. La comédienne parfaitement bilingue livre une performance désarmante dans ce rôle un peu rebutant. Si elle n’est pas toujours juste, elle parvient à insuffler en Elise un côté attachant qui prend le pas sur les aspects moins réjouissants de la personnalité de la jeune femme.
© Canal +
Le coin des quotes
Les gens ne changent pas. Jamais. Je n’ai pas envie de changer
J’essaye de me faire une idée, de réunir un maximum de pièces du puzzle pour comprendre comment elles s’assemblent. Parce que plus j’y pense… Cet homme qui a perdu sa carrière, sa femme, son fils, tout ce qui nous positionne dans la société, qui détermine ce que nous sommes, quand je le compare aux actions du terroriste, je trouve ça de plus en plus cohérent
« Votre mari a du vous faire beaucoup de mal, je suis désolée »
J’applique la procédure, je ne savais pas que c’était en option
Tu veux que je te remercie chaque fois que tu me donnes un dossier ?
Intéressant, mais dommage que parmi toutes ces « femmes de séries », on ne trouve pas Saga Norén de la série Bron/Broen. Personnage et série dont s’est inspiré CanalPlus pour créer Le Tunnel/Elise Wasserman. Et que dire de la superbe performance de Sofia Helin!
Très bonne analyse.
Merci 🙂