Peter Morgan, créateur de The Crown avait prévenu dès le départ. Aussi longtemps que durerait sa série, il ne serait pas question de grimer les acteurs. Ainsi toutes les deux saisons, l’intégralité du casting de la série de Netflix fait peau neuve.
S’il se murmure que c’est Imelda Staunton qui prêtera ou non ses traits à la Reine Elizabeth II dans les saisons 5 et 6, c’est pour l’instant la géniale Olivia Colman qui s’empare du monument.
Un certain nombre de nouveaux visages féminins viennent émailler cette nouvelle saison 3. Suivez le guide !
Attention spoilers possibles
Elizabeth II
Plus rien ne saurait arrêter l’ascension fulgurante de cette comédienne que nous avons découverte dans Broadchurch puis retrouvée au cinéma dans La Favorite qui lui a valu un Oscar bien mérité. Aussi drôle à la ville que grave dans ce nouveau rôle, Olivia Colman campe une Elizabeth qui a le verbe plus facile mais ses 25 ans de règne sont derrière elle. Elle n’a plus rien de la timide Lilibeth ni avec ses premiers ministres successifs ni avec son époux.
Sa relation avec Philip semble s’être pacifiée. En bonne diplomate, elle le laisse disserter à sa guise, s’énerver, ronchonner mais fini toujours par avoir le dernier mot.
Là où on la rêverait juste et accueillante avec ses enfants, on découvre qu’elle doit comme toujours renoncer pour le bien de la couronne même si ce pauvre Charles, et Margaret avant lui en font les frais.
Moins princesse de glace que Claire Foy, Colman donne encore plus de corps à une reine plus mûre, souvent pince sans rire et tranchante. Vivement le face à face avec Margaret Thatcher alias Gillian Anderson.
Margaret
A notre sens, choisir Helena Bonham-Carter pour succéder à la presque inconnue Vanessa Kirby, est une grossière erreur de casting. Évidement pas en terme de talent mais en terme de célébrité. L’actrice bien plus connue que tout le reste du cast, Colman y compris, hérite en plus d’un rôle haut en couleur, Margaret n’étant pas connue pour faire dans la mesure.
Bonham-Carter a beau être parfaite, elle vole la saison d’une façon éreintante, à coup de gin, de soirées et de disputes embarrassantes avec son mari, ruminant toujours sa seconde place.
Ce qui est intelligent de la part des scénaristes c’est de profiter de la dichotomie entre les deux soeurs et de la faiblesse de Margaret pour empringner leur relation d’une vraie chaleur humaine.
De la même façon que Colman se détache de l’empreinte froide de Foy, Bonham-Carter n’est plus la créature de porcelaine de Kirby. Elle reste irrésistible par sa répartie et son esprit (en témoigne l’OPA sur le Président américain) mais elle se fane physiquement, noyée dans son alcoolisme.
Triste personnage au final qu’il convient de supporter.
Elizabeth, la Reine Mère
Sous les traits de Marion Bailey, la nouvelle Reine Mère n’a rien de la bonhomme mamie gâteau qui accompagnait sa fille devant toutes les caméra du monde. La Mum est en fait une fieffée concierge qui intrigue en coulisses pour notamment empêcher son petit fils Charles d’épouser Camilla.
Avec l’aide de son fidèle Dickie, elle ira jusqu’à convoquer les familles Shand et Parker-Bowles pour que le mariage se fasse et empêche donc Charles d’épouser la femme dont il est amoureux. Voilà qui au passage redore le blason de l’aîné de la Reine surtout face à l’affaire Diana qui arrivera plus tard.
Plus fidèle physiquement à la Reine Mère que nous avons tous connue, Bailey campe un Reine Mère ultra présente, parfois en charge à la place de sa fille et donc particulièrement négociatrice.
Anne Windsor
Sans doute le plus bel ajout de cette nouvelle saison. Non seulement, Erin Doherty affiche une ressemblance confondante avec la vraie Princesse Anne de l’époque mais elle est l’électron libre et moderne dont cette famille royale coincée a tellement besoin.
En tant que femme et surtout second enfant d’Elizabeth et Philip, Anne ne règnera pas. Sa vie et son quotidien importent peu sa mère et sa grand-mère à tel point que la Reine elle-même ignore avec qui « s’amuse » sa fille. Alors que Charles fait la cour à Camilla, Anne batifole avec l’ex et futur mari de celle-ci Andrew Parker-Bowles en toute connaissance de cause. Elle sait qu’elle n’est qu’une énième conquête et prend ce qu’il y a à prendre.
Anne est libre, conduit sa propre voiture, remonte le bretelle de son dearest papa et a surtout la parole très franche. Par bien des côtés, elle ressemble à cette grand-mère paternelle, Alice qu’elle va brièvement connaître à Buckingham.
Drôle et impertinente, Anne est aussi une bonne soeur pour le timide Charles qui n’a pas l’aplomb de sa cadette.
Anne, notre chouchoute ? Pensez-vous !
Alice de Grèce
Quand l’épisode commence sur cette frêle vieille nonne toute ridée accro à sa clope dans un coin pauvre de Grèce, on est loin de penser que l’on est en présence d’une authentique princesse, qui plus est belle-mère de la Reine d’Angleterre.
Née en présence de la Reine Victoria, héritant d’un passé traumatisant qui l’a conduite en hôpital psychiatrique, victime de toutes les tortures possibles, Alice de Grèce est un fabuleux personnage de survivante qui élève aussi ce nouveau Philip campé avec brio par Tobias Menzies.
Son installation à Buckingham Palace en pleine opération publicitaire de séduction des anglais via un reportage de la BBC est savoureuse comme sa rencontre avec Anne et ses retrouvailles touchantes avec son fils.
Et Alice aura la délicatesse de quitter la scène sans faire parler d’elle, aussi discrètement qu’elle a mené sa vie.
Magnifique humanité !
Wallis Simpson
Wallis Simpson aussi a vieilli. Celle par qui le scandale (et l’abdication) est arrivé a désormais les traits burinés de la très classe Géraldine Chaplin qui n’est pas sans rappeler les derniers rôles d’Audrey Hepburn. Exilée à Paris, la Duchesse de Windsor voit la santé de son époux se déliter sans rien pouvoir y faire.
Comment dire au revoir à son grand amour ? En ne regrettant rien de ce qui a été sacrifié pour lui. C’est en substance le conseil qu’elle donnera à Charles avant de se détourner pour de bon des Windsor.
Bref mais intense passage du personnage !
Camilla Shand
A ce stade, Camilla Shand, future Parker-Bowles puis future Princesse de Galles ressemble bel et bien à une parenthèse de l’histoire. Et une énième victime de la puissance de la Couronne.
Son intérêt est pour l’heure très limité.