Grâce à elles, nous avons passé un bel été sériel, plein de diversités, de brunes, de blondes, de noires, de blanches, d’hétéros, de lesbiennes, qui vivent dans le passé, dans le futur, dans un monde post apocalyptique, dans un présent un peu modifié, en liberté ou enfermées.
Elles nous ont épatés par leur capacité à rendre leur monde fictionnel plus vrai que nature, en incarnant des méchantes comme des gentilles, des ados, des trentenaires, des quadras, des big executive, des journalistes, des vendeuses, des psychologues…
Femmes de séries vous présente ses 10 héroïnes de l’été 2019.
© FX
ELEKTRA
(Pose)
Avant Queen B, il y eu Queen E aka Elektra Abondance, reine des bals des femmes transsexuelles des années 80. Si l’âme de cette saison 2 est évidemment Blanca (exceptionnelle MJ Rodriguez), la star dans le sens le plus grandiloquent du terme est Elektra.
Mère de toutes les autres Mères, elle se renomme en cette fin des années 80 Elektra Wintour parce que… « Wintour is coming » ! (il s’agit là d’un double jeu de mots autour de GOT et de l’arrivée à la tête du célèbre magazine Vogue dès 1988 de la future papesse de la mode, Anna Wintour)
Délestée de son sugar daddy et délaissée par ses « enfants », Elektra enterre la Maison Abondance pour renaître de ses cendres. La Maison Wintour est plus in, plus en phase avec son temps, celui du voguing, popularisé par Madonna.
Son égocentrisme de façade et son caractère de diva en font une parfaite maitresse sado-masochiste dans un club de NY (sauf quand elle tue un de ses clients par mégarde !)
Elektra a beau donner l’impression de ne jouer que pour sa pomme, elle est toujours là quand il le faut pour ses « filles », une dévotion qui va dans les deux sens mais qui n’est pas exempte de vacheries !
© HBO
RENATA
(Big Little Lies)
Etre mêlée à un meurtre est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver à cette emmerdeuse de Renata, du haut de son piédestal auto-érigé ! Bien malgré elle, elle finit par intégrer le Club des 5 de Monterey (comprendre celles qui savent ce qui c’est passé lors de la fameuse fête de fin de saison 1) et devient amie avec Céleste, Madeline, Jane et Bonnie.
Au-delà de cela, c’est carrément un pacte que ces femmes signent entre elles et tiendront d’ailleurs jusqu’au bout. Un miracle dans le cadre de Renata qui avait jusqu’ici montré d’elle-même une facette très auto-centrée. Sur elle-même, son travail, sa réussite éclatante mais aussi sur son mari et surtout sa fille au prénom improbable.
La faillite dans laquelle son abruti d’époux la précipite n’en fait plus le héros d’autrefois, encore moins après de petites indiscrétions avec la nounou ! D’ailleurs, s’il y a bien quelqu’un qui va prendre pour tous les autres en cette période de secrets et d’incertitudes c’est Gordon ! Il va prendre cher et c’est un plaisir de voir Renata péter les plombs !
En revanche, elle est prête à tout pour Amabella (on vous avait prévenus !) jusqu’à lui organiser une fête d’anniversaire disco des plus couteuses ou engager une pédopsychiatre-fée pour faire parler l’enfant.
Et bien sûr, consciente des souffrances endurées par Céleste et Jane, elle respecte le pacte, soutient ses nouvelles amies qu’il s’agisse de trouver une avocate à l’une ou faire de la médiation avec l’insupportable belle-mère de l’autre.
Laura Dern Présidente !
© Netflix
WENDY
(Mindhunter)
Ah, Wendy ! Elle n’est pas facile à cerner. Sans doute parce qu’elle émane de l’univers de David Fincher, parce qu’elle est professeur en psychologie, parce qu’elle est dans le placard à cause de l’univers masculin dans lequel elle évolue.
A vrai dire, aimerions-nous autant le personnage s’il n’était pas joué par l’excellente Anna Torv, ancienne recrue de la culte série Fringe ? Peut-être pas mais on peut en tout cas reconnaître que cette saison 2 est l’occasion pour la collègue des agents du FBI Ford et Tench de sortir davantage de sa coquille même s’il ne s’agit finalement que d’une intrigue sentimentale qui prend pratiquement toute la place.
Personnellement, Wendy se rapproche aussi de Bill Tench à tel point qu’elle est la seule à qui il confie ses gros problèmes familiaux. Enfin, professionnellement, Wendy sort de sa zone de confort en allant en personne rencontrer et interviewer les tueurs en série alors que jusqu’ici, en sa qualité de psy, elle n’était là que pour en faire l’étude. Elle s’en tire d’ailleurs fort bien, l’exercice se révélant pour le moins compliqué. Malheureusement ces nouvelles responsabilités ne sont pas du goût du patron au FBI qui a tôt fait de la remettre figurativement à sa place.
Aussi intéressant que se révèle l’évolution de Wendy cette saison, on voit mal ce qui peut l’attendre dans une potentielle saison 3 tant le personnage est marqué d’immobilisme. Mais qui sait ? Les voies de David Fincher sont impénétrables !
© CW
CLARKE
(The 100)
En voilà une qui d’années en années (il nous en reste une, la série se terminera avec sa 7ème saison) qui ne nous déçoit jamais ! A la différence de certaines héroïnes principales qui ont lâché la rampe au bout d’un moment pour laisser la place à d’autres (Piper dans OITNB par exemple, voir Taytee plus bas), Clarke s’affirme toujours plus comme la leader d’un peuple, plaçant le bien commun avant ses propres intérêts et ses propres sentiments.
Et comme si Eliza Taylor n’avait déjà pas prouvé à quel point elle est bonne actrice, les scénaristes lui ont lancé cette saison le défi du double jeu, voire du triple jeu/je.
Aux prises avec des humains qui se prennent pour les dieux de la réincarnation grâce à un procédé scientifique, Clarke « meurt » et son corps est squatté par l’esprit de Joséphine, une sympathique sociopathe. Sauf qu’on ne tue pas Clarke Griffin aussi facilement ! L’esprit de Clarke est toujours coincé dans son corps, cohabite et se bat avec celui de Joséphine.
Ce qui donne lieu à une partition épatante et schizophrénique jouée par Taylor qui devient tour à tour Joséphine dans le corps de Clarke et Clarke réintégrant totalement son corps mais obligée de « jouer » Joséphine pour s’assurer de la défaite de ses ennemis.
Bref, du grand art dont on se délecte !
© AMC
ALTHEA
(Fear the Walking Dead)
Le problème avec Fear the Walking Dead c’est que depuis le « départ » de Madison, tous les personnages féminins sont devenus intéressants : Alicia, June, Maggie et… Althéa.
Oui, on sait, elle est un peu pénible avec son obsession de filmer les témoignages des survivants parfois en dépit d’un éminent danger. Mais cet été, Althéa a arrêté son trip « je suis mystérieuse et je vous emmerde, parlez-moi de vous » pour montrer une partie de sa personnalité jusqu’ici bien enfouie.
La découverte de son homosexualité par le public n’en était pas vraiment une mais son kidnapping qui finit en love-story a été l’occasion d’en apprendre davantage et de voir Al sous un jour tellement plus heureux qu’à l’accoutumée. Et vous savez quoi ? Ca fait plaisir !
On la savait résiliente (elle survit à une infection), combative (elle récupère un véhicule du SWAT lourdement armée), prête à tout pour une bonne image (journaliste un jour, journaliste toujours), sarcastique à la limite du glauque mais on ne savait pas par quoi elle était passée juste après l’épidémie.
Elle évoque enfin la mort de son frère à l’origine de son obsession pour les k7 vidéos et accepte même de se retrouver de l’autre côté de la caméra.
Malgré les circonstances peu réjouissantes, Althéa n’est désormais plus une figure de l’ombre.
Tour de force pour Maggie Grace, ex recrue de Lost qui trouve enfin un rôle de poids et surprend par sa justesse.
© Amazon Vidéos
MADELYN
(The Boys)
Ouh la méchante ! Pas à cause du gros mot apparaissant dans ce GIF bien évidemment. Madelyn (prénom très à la mode cet été) est de la pire race des méchantes. Vous savez, celles qui ont l’air normal, pas sympathiques mais compréhensives dans leur grand bureau de cheffe. Pour coller à l’image, on lui met même un adorable bébé dans les bras dont elle est la maman attentionnée malgré son âge et ses nombreuses occupations.
Mais très vite, on se rend compte qu’elle est la pire de tous. Même son poste est un écran de fumée. Vice-présidente de Vought International, la société qui « gère » les carrières des super-héros, elle est surtout une femme avide de pouvoir qui manipule toutes les personnes qu’elle côtoie à commencer par les superhéros qui n’ont rien de gentils boyscouts !
Sa relation malsaine avec Homelander, le Superman tout pourri du coin est un autre exemple de ce à quoi elle est prête pour préserver la réputation de sa société.
Autant dire que Madelyn est de ces personnages que l’on adore détester, incarnée avec panache par Elizabeth Shue qui nous a habitués à des personnages plus lisses.
© Netflix
ROBIN
(Stranger Things)
Robin ou la bouffée d’air frais de cette saison 3 de Stranger Things qui sent curieusement la naphtaline spécial années 80 ! Et n’ayons pas peur des mots, une vraie révélation.
Incarnée par Maya Hawkes, fille d’Ethan Hawkes et de Uma Thurman (dont elle est le portrait craché), Robin n’est pas que la collègue de Steve chez le vendeur de glace du nouveau centre commercial. Certes, on adore qu’elle remette à sa place à la première occasion venue ce sympathique playboy un peu quiche, qu’elle regarde sa bromance avec Dustin d’un oeil mi-amusé mi-consterné.
Ce que l’on aime surtout chez elle c’est qu’elle est futée et débrouillarde, du genre à décoder un code russe hyper compliqué et … à s’en vanter auprès d’un très peu amical tortionnaire russe.
Et puis Robin, c’est quand même la plus jolie façon de faire son coming-out auprès d’un Steve qui n’avait évidemment rien vu venir !
© Netflix
TAYSTEE
(Orange is the New Black)
Elle nous avait souvent impressionnée ou divertie. Mais dans cette ultime saison de OITNB, Danielle Brooks fait de Taytee le personnage à l’évolution positive la plus délirante. Et pourtant, ça partait mal avec une héroïne aux 36èmes dessous, mise au trou, reconnue coupable d’un meurtre qu’elle n’a pas commis.
Taytee ne veut plus rire. Taytee veut mourir. Taytee veut en finir et s’acoquine avec Daya pour obtenir la drogue qui la fera partir en douceur.
Devenir la secrétaire de la nouvelle directrice de la prison qui n’est autre qu’une amie d’enfance fait partie de son plan mais elle était loin d’imaginer que cette nouvelle fonction va l’aider à se trouver un but. Non sans l’intervention de Crazy Eyes et de Joe Caputo.
Mais le véritable électrochoc a lieu quand une détenue meurt d’une overdose dans les bras de Taystee alors que celle-ci l’avait aidé à potasser son bac.
Taystee choisit donc la vie et, poussée par Caputo, décide de mettre en place un projet de micro-crédits pour aider les ex-détenues lors de leur sortie. Un programme auquel elle donnera le nom de sa meilleure amie, Poussey.
L’arc narratif le plus impressionnant de la série qui tient en 13 épisodes seulement.
Et que de talent chez Danielle Brooks qui clôt la série en pleine apothéose.
© BBC One/HBO
ANNE
(Gentleman Jack)
Avec son personnage de Doctor Foster, Suranne Jones avait déjà imposé son jeu et son minois. Cette fois, elle nous revient dans le rôle viscéral d’Anne Lister, personnage haut en couleurs qui a vraiment existé. Connue en France pour ses exploits d’alpiniste, elle l’est davantage en Angleterre pour son statut d’homosexuelle assumée et de propriétaire terrienne qui revêtait des habits masculins.
Le personnage avait déjà fait l’objet d’un téléfilm mais la série Gentleman Jack se concentre sur sa rencontre avec le grand amour de sa vie, Ann Walker (car oui, toute le monde s’appelle Anne par ici) et sur ses difficultés à s’imposer en tant que femme en charge d’une propriété.
Suranne Jones en Anne Lister c’est une présence à nulle autre pareille, une démarche décidée, une énergie qui ne s’éteint jamais, un verbe haut, un caractère entier qui n’a pas peur de l’affrontement. Mais aussi une sentimentale à fleur de peau qui cherche le bonheur dans un monde peu enclin à la différence.
Un grand personnage, une grande comédienne.
© BBC One
VIVIENNE
(Years and Years)
En donnant un avis très tranché cette semaine lors d’une interview sur le nouveau Premier Ministre anglais Boris Johnson (« C’est un hypocrite et un porc »), Emma Thompson sait de quoi elle parle : dans Years and Years, son personnage de Vivienne Rook est un croisement pernicieux entre Trump, Johnson et Marine Le Pen.
Une épouvantable nationaliste (en existe-t-il d’autre sorte ?) qui a compris comment parler aux électeurs en disant les plus grosses énormités et en se servant des réseaux sociaux.
Son inexorable ascension se double de décisions terribles : mise en place de camps de concentration pour migrants (elle a sa propre définition de la chose), rétention de la liberté d’expression, division des quartiers en zones, instauration de couvre-feu…
Avec Mary-Louise (Meryl Streep) dans Big Little Lies, Vivienne est LA méchante la plus réussie de cet été sériel. Le plus inquiétant chez ce personnage étant qu’il existe déjà dans la réalité.
Salut,
Je m’appelle Emmanuelle. Merci pour ces bonnes infos. C’est un ami qui m’a parlé de ton blog et je le découvre avec grand plaisir. Je suis fan des séries ☺.
Merci Emmanuelle ! Merci de ta visite et bienvenue sur Femmes de séries 🙂
Bonjour,
Vous devriez regarder Shameless cette série est incroyable et il y a l’un des personnages féminins les plus fort et humains que je n’ai jamais vue à la télévision ( je parle de son personnage principal : Fiona Gallagher). Cette série est pour moi la meilleur que j’ai pu voir car elle a des personnages profond, bien écrit et touchant ; et tout cela avec une intrigue cohérente et un jeux d’acteur merveilleux. Elle n’est pas très connue mais elle mérite le détours.
Bonjour,
Je l’avais commencé mais je n’ai pas aimé et j’ai fini par lâcher l’affaire 🙂