La psychopathe était une femme !
Voici bien l’une des grosses particularités de Killing Eve, nouveauté de BBC America qui marque aussi le retour de Sandra Oh à la télévision.
Il fallait bien un projet unique pour faire revenir l’actrice, aux abonnés absents depuis son départ de Grey’s Anatomy il y a 4 ans.
A défaut d’être révolutionnaire, l’histoire de Killing Eve est singulière car non seulement il y a très peu de femmes tueuses dans les séries TV actuelles (Alice Morgan dans Luther, Moriarty dans Elementary) mais encore moins qui tiennent l’affiche et dont le Némésis absolu est aussi une femme.
Adaptation d’un roman, la série est l’occasion de dresser un portrait très particulier d’une tueuse plus impitoyable que Dexter, aussi spontanée que Negan, plus détraquée qu’Hannibal, aussi froide que le T1000 dans l’exécution.
On pourrait même aller jusqu’à dire que Villanelle inaugure une nouvelle « espèce » de psychopathe pour laquelle il faudrait carrément inventer un nouveau terme.
Devenue une sorte de Nikita (version Besson) hyper glauque, elle est une exécutrice hors pair à la solde d’une organisation trouble. D’ailleurs elle n’en a rien à faire de son employeur puisque son seul contact en la matière tient en la personne de Konstantin, son intermédiaire.
Un russe pur jus qui déboule dans l’appartement de Villanelle sans y être invité, un homme qui ne craint pas sa folie et pour lequel elle développe une sorte de complexe d’Electre.
Car Villanelle, forte d’un passé compliqué pour l’instant pas vraiment explicité qui lui a tanné le cuir, est aussi en quête de refuge. Konstantin en est un. La folie douce de la jeune femme l’amène à se voir en petite fille à son papa.
D’ailleurs sa vie se résume à peu de choses : Konstantin, les missions aux quatre coins du monde, son appartement parisien et son obsession pour les fringues de luxe.
En décidant de la traquer, Eve Polastri, membre des services secrets anglais va un poil bousculer cette petite vie « bien tranquille ».
L’enfant gâtée et surdouée dans son domaine va se trouver à la fois agacée et flattée de l’intérêt que lui porte Eve jusqu’à en faire une fixation. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela lui arrive puisque dans le passé, elle fut obsédée par une prof de français dont elle a tout simplement castré le mari !
Impossible d’apposer une quelconque étiquette à la sexualité de Villanelle même si elle semble clairement s’intéresser au sens littéral du terme aux femmes.
Il y a beaucoup d’ambiguïté dans sa relation de traquée et de traqueuse avec Eve.
Les deux femmes se fascinent l’une l’autre bien qu’Eve ne le reconnaîtra jamais. De ce côté-là, Villanelle n’a absolument aucune pudeur, aucun filtre. Elle est capable de se mettre à nue.
De part son ton résolument humoristique, il est parfois bien difficile de faire le distinguo entre la vérité et le mensonge, entre ce que Villanelle ressent vraiment ou ce qu’elle feinte.
C’est déstabilisant mais cela fonctionne parfaitement et rend la série quelque peu addictive.
Et si Villanelle n’aspirait finalement qu’à la normalité ? La question reste entière !