Interprétée par Carrie Coon
Plus difficile à écrire que sur Nora Durst, ce n’est pour l’heure pas possible ! Peut-être parce que l’héroïne (devrait-on dire la véritable héroïne de la série, à armes égales avec son héros Kevin) est l’un des personnages féminins les plus complexes, les plus beaux et les plus en souffrance brute que la télévision américaine nous a donné à voir ces dernières années.
Et pourtant, il n’a fallu que 3 saisons pour faire de cette rescapée à la Disparition qui a affecté le 14 octobre 2011 quelques 2% de la population mondiale, une femme tenace, entière, parée d’une aura proprement incroyable qui happe le téléspectateur à la minute où il croise son regard.
Comme Kevin, il nous est impossible de ne pas tomber sous son charme qui doit autant à l’écriture qu’à l’interprétation bluffante de Carrie Coon.
Car à Mapleton, la petite ville où elle vit, elle est une curiosité, précisément à cause de ce qui s’est passé le 14 octobre : elle est la seule personne en ville à avoir perdu ce jour-là son mari Doug et ses deux enfants, Erin et Jérémy. Assis à la table de la cuisine pour le petit déjeuner, il a suffit qu’elle se tourne une seconde pour qu’ils s’évaporent de la surface de la Terre.
Une perte totale pour Nora, une infinie douleur, un deuil qui commence et qui ne trouvera, à l’instar d’autres personnages, qu’une guérison très tardive.
Alors que d’autres se privent de la parole ou se réfugient dans la religion, Nora va trouver une drôle d’échappatoire en choisissant de travailler pour le Département des Disparus pour lequel elle est chargée d’aller estimer si la personne disparue l’a bien été durant la Disparition et si sa famille a bien droit à des indemnités.
Dès le départ, elle a cherché la vérité. Et quelle meilleure façon de la connaître que d’être au plus près des personnes dans le même cas qu’elle. Sauf qu’elle comprend vite qu’elle ne saura sans doute jamais ce qui s’est passé et pourquoi.
Elle va bien découvrir quelques vérités presque réconfortantes comme le fait que son mari avait une maitresse mais au final, tout en souffrant de la perte dans son coin, elle va tenter de remonter la pente, de se recréer une vie avec Kevin. Un très sexy et très musclé « pansement », un homme bon avec des déchirures tout aussi profondes que les siennes même s’il n’a perdu personne stricto sensu le 14 octobre.
Aussi vont-ils se reconstruire en s’appuyant l’un sur l’autre, en déménageant, en découvrant un bébé sur le pas de leur porte. Une occasion de tout recommencer avec un nouvel enfant.
Mais lorsque cette nouvelle chance de bonheur lui sera enlevée, le mode survie ne suffira plus, pas plus que la béquille Kevin.
Sans trop y croire vraiment et en mettant en avant sa responsabilité professionnelle à mettre à jour les supercheries inventées par des gens peu scrupuleux pour profiter de la peine de leur prochain, Nora va partir en Australie tester un dispositif censé l’amener dans cet endroit où se trouvent les Disparus.
A ce qu’elle dit, elle trouvera une réponse à ses interrogations et à celles de Kevin. Mais est-ce la vérité ou une histoire que l’on se raconte pour aller mieux ou parce que l’on n’a pas osé aller au bout du processus ? On parie sur la vérité parce que Nora est une fonceuse qui n’a peur de rien et que la mort n’a jamais effrayée.
Nora Durst est la quintessence de la femme du quotidien. Une battante qui souffre comme les autres mais ne le laisse entrevoir qu’en de très rares occasions quitte à se faire mal en silence pour ressentir quelque chose à nouveau.
A l’instar des femmes qui sont souvent plus clairvoyantes que les hommes face à une situation dramatique, Nora va se ressaisir bien plus vite que Kevin ou que son frère Matt.
Elle ne prendra aucun raccourci, ne s’accordera aucune facilité pas plus qu’elle ne tolèrera l’aveuglement des autres quitte à passer pour la pire des garces.
Elle est comme cela, Nora Durst, elle est une femme tout simplement mais une grande parmi les grandes.
Avec Max Richter, le compositeur de The Leftovers, Carrie Coon est la sublime révélation de la série. Actrice de théâtre, Nora est son premier véritable grand et long rôle à la télévision. Grâce à sa performance, elle est aujourd’hui dans la saison 3 de la série Fargo et a campé la soeur de Ben Affleck dans Gone Girl. Nul doute que l’aventure télévisuelle ne fait que commencer pour cette très grande comédienne aussi sarcastique que poignante.
Le coin des quotes
My name is Nora Elizabeth Jamison Durst. I was born on November 11, 1979. This is a copy of today’s paper because today is the day I’m leaving to be with them. I’m leaving to be with them, Erin and Jeremy. I’m ready to go now.
You know what they say, they’ll turn up once you stop looking for them
And this one time they brought us to a baseball game, and I was too young to get the rules, so I watched these people in another section hitting a beach ball. And the whole stadium was getting into it, and when the ball came over to our seats you stood up and you just whacked it. It was the first time I’d seen you smile in forever… But then the ball went into the aisle and this usher ran down and grabbed it, and he picked it up and he just squeezed the air out of it. And then everyone just started booing- not just the people in our section but the whole stadium, just booing. He just ruined it for all of them. They just wanted to hit the ball… Why would he want to do that job? Why would anyone?
Dear Kevin, I need to say goodbye to someone I care about, someone who’s still here, so I’m saying it to you. You were good to me Kevin, and sometimes when we were together, I remembered who I used to be before everything changed, but I was pretending. Pretending as if I hadn’t lost everything. I want to believe it can all go back to the way it was, I want to believe I’m not surrounded by the abandoned ruin of a dead civilization, I want to believe it’s still possible to get close to someone. But it’s easier not to. It’s easier because I’m a coward and I couldn’t take the pain, not again. I know that’s not fair, Kevin. You’ve lost so much too, and you’re strong. You’re still here. But I can’t be, not anymore. I tried to get better, Kevin. I didn’t want to feel this way, so I took a shortcut. But it led me right back home. And do you know what I found when I got there? I found them, Kevin, right where I left them. Right where they left me. It took me three years to accept the truth, but now I know there’s no going back, no fixing it. I’m beyond repair. Maybe we’re all beyond repair. I can’t go on the way I’m living, but I don’t have the power to die. But I have to move towards something. Anything. I’m not sure where I’m going, just away. Away from all this. I think about a place where nobody will know what happened to me, but then I worry I’ll forget them, but I don’t want to ever forget them, I can’t. They were my family. I think I loved you, Kevin, and maybe you loved me too. I wish I could say this to you instead of writing it, I wish I could see you one last time to thank you and wish you well, and tell you how much you mean to me, but I can’t. Like I said, I’m a coward. So, wish me luck, I think I’m going to need it. Love, Nora.
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