ATTENTION SPOILERS SUR LE SERIES FINALE DE MAD MEN
La semaine dernière, AMC refermait un chapitre de son histoire. Au terme de 7 saisons, Mad Men, la série star qui fit connaître la chaîne, se terminait pour de bon. Un séries finale très attendu par les critiques, bien moins par un public de plus en plus démissionnaire au vue des audiences en chute libre.
Comment Matthew Weiner, l’emblématique créateur allait-il clôturer les aventures de Don Draper et de ses collègues, amis, ex ? Le bonhomme choisit la lumière, celle du soleil de Californie où Don échoue un peu malgré lui dans une communauté hippie des années 70. La dernière image sera celle de son visage souriant et libéré d’une vie de mensonges.
Si seulement, il s’agissait là de la seule aberration de ce final ! Les 20 dernières minutes de l’épisode ne sont rien d’autres qu’un monstrueux happy-end qui manque cruellement de finesse. Encore plus quand il s’agit des héroïnes de la série !
Si le sort réservé à Joan semble cohérent avec l’évolution du personnage qui a su se construire seule (elle monte sa propre boîte de production dans son salon et mlarque doublement son territoire en la nommant Harris/Holloway), le destin de Peggy fait bondir parce qu’il est en total contradiction avec le personnage.
Rappelons quand même que la jeune femme débute à l’agence comme secrétaire de Don. Au fil des ans, elle va défier tous les paris en se hissant non sans difficulté à la tête d’un département. Elle devient rédactrice, a des clients à gérer, des créatifs sous ses ordres, des campagnes à défendre auprès de gros machos qui se plaisent encore et toujours à l’appeler « chérie » !
Olson est le prototype même de la femme émancipée des années 60, portée par l’ambition et le travail, encombrée par les hommes qui ne sont finalement jamais à sa « mesure ». Et pourtant, après un tel parcours, Weiner choisit pourtant en une scène de la cantonner à un happy end sentimental.
Évoquant son désir de partir de l’agence au téléphone avec son collaborateur et meilleur ami, celui-ci finit par lui dire qu’il a besoin d’elle, qu’elle ne peut pas s’en aller parce qu’il l’aime. Et Peggy de réaliser durant cette même conversation que « ben oui, moi aussi je crois bien que je t’aime , il ne peut en être autrement après tout »!
Aussi réussie que soit la scène en question, malgré la description un peu décalée faite ci-dessus, elle est aussi très grave parce qu’elle balaie d’un coup d’un seul 7 ans d’une construction de personnage soignée. L’ambitieuse et intrépide Peggy Olson finit littéralement dans les bras d’un homme.
Entendons-nous bien, il n’y a pas de mal à ça dans l’absolu, la recherche d’une certaine forme de bonheur étant aussi le sujet de Mad Men mais ne réduire le personnage qu’à cela au final est un outrage.
Terminons avec le destin qui fâche encore plus : celui de Betty Draper/Francis. Avec elle, Weiner règle plus que le problème, il semble carrément régler ses comptes. Un peu comme s’il avait un grief particulier contre cette femme qu’il a crée. C’est le scénariste et son équipe qui ont fait d’elle cette desperate housewive insupportable, continuellement insatisfaite, rigide et coincée dans les conventions.
A bien des égards, Betty aura été tout du long un personnage détestable. Méritait-elle pour autant de finir ainsi, aussi digne soit-elle dans l’épreuve ? Non seulement, elle est le seul personnage à ne pas connaître de happy-end mais c’est aussi sur elle que tombent les terribles dégâts engendrés par les cigarettes de l’époque.
Sous les yeux de son mari et de ses enfants, Betty se meurt d’un cancer aux poumons fulgurants à un moment de sa vie où elle semblait vouloir aller de l’avant en reprenant des études.
On sait combien la question de la cigarette aura été mise en avant lors du lancement de la série. Tout le monde y fume beaucoup, y compris Don Draper. Chaque héros était potentiellement menacé par la maladie mais il a fallu que ça tombe sur elle !
Voilà un choix bien cruel qui ressemble quand même pas mal à de l’acharnement de la part des scénaristes.
Pour toutes ces raisons et d’autres, le final de Mad Men a été en deçà de nos espérances, déjà, faut-il le dire, pas bien hautes !