Interprétée par Vera Farmiga
ATTENTION SPOILERS SUR LA SAISON 5
« Elle oscille toujours entre une très grande chaleur et un froid glacial ». Ces mots empruntés à Guillaume Gallienne dans son spectacle et son film Les Garçons et Guillaume, à table ! pourraient tout aussi bien s’appliquer à la mère de Norman Bates, celle qui donne un éclairage nouveau au fameux complexe d’œdipe.
Si du film Psychose, nous ne connaissions d’elle qu’un squelette grimé par un fils à l’apogée de sa psychopathie, la Norma Louise Bates de Bates Motel est tout ce à quoi le téléspectateur ne s’attendait pas : la belle quarantaine, blonde, sensuelle, désirable, fortement envoûtante. Un peu comme une Marilyn des temps modernes. En apparence en tout cas. Car derrière cette attrayante façade, Norma a une personnalité terriblement complexe. En un instant très court, elle peut se montrer très chaleureuse et piquer une colère monstre parce que les choses ne vont pas dans son sens, en particulier son sens du déni.
Toute quadragénaire et mère de deux grands fils soit-elle, Norma demeure cette femme enfant qui ne voit le mal chez les autres que trop tardivement. C’est vrai dans ses relations catastrophiques avec les hommes (purement physiques car elle n’aime véritablement que son fils), dans ses alliances douteuses au sein de la communauté de sa ville mais surtout face à la maladie mentale de l’adoré, Norman.
A la différence de Psychose qui a pu nous laisser croire que cette vieille acariâtre a transformé son fils en monstre, Bates Motel met en évidence que le vers était déjà dans le fruit (les raisons peuvent en être multiples et là se pose la question de l’inné et de l’acquis).
Norman (Freddie Highmore) ne deviendra pas un serial killer à cause de l’éducation que Norma lui a dispensé. En revanche, elle comprendra assez vite que quelque chose ne va pas chez le jeune homme mais refusera d’y faire face parce qu’il est le fils préféré et parfait à ses yeux. Elle refuse même d’en parler avec lui se murant dans un énervement qui laisse vite la place à une passion fusionnelle entre elle et son fils. Laquelle fusion sera par contre l’un des catalyseurs de la folie du jeune homme au point qu’il « devient » sa mère dans un dédoublement de personnalité incroyable.
Elle a voulu Norman à son image, à une lettre près de son prénom d’ailleurs et en a fait l’homme de sa vie. Dont acte.La psyché fragile du jeune homme va intégrer ce double maternel à sa propre personnalité et ainsi naîtra véritablement le monstre.
Pour en arriver à de telles extrémités, il a bien sûr fallu que la vie de Norma ne se passe pas particulièrement bien. Maltraitée par son père et délaissée par une mère continuellement empoisonnée, elle entretient une relation incestueuse avec son frère Caleb. Mais les choses vont trop loin et à l’adolescence, Caleb la viole. De cet acte naîtra son premier fils, Dylan. Voilà pourquoi elle a si souvent rejeté le garçon et mené sa vie comme s’il n’existait pas, cachant même à Norman qu’il avait un frère avant de le faire revenir dans sa vie et de l’accepter
Dylan (Max Thieriot) a de fait une piètre opinion de sa mère mais cette image est sans doute plus proche de la vérité que ce qu’elle montre à Norman et à toutes les autres personnes qu’elle côtoie. Il sait qu’elle étouffe Norman et le détruit sans s’en rendre compte avec sa symbiose malsaine. Pourtant elle pourra toujours compter sur son fils aîné qu’elle va apprendre à connaître et à aimer. Le plus souvent maltraité par les hommes de sa vie, elle ne peut compter que sur Dylan pour la protéger, Norman étant désormais trop instable.
Elle finira même par faire la « paix » avec Caleb en laissant libre court à son chagrin et à des années de secrets bien enfouis.
C’est là que réside toute la passionnante dichotomie du personnage qui veut se montrer forte, pleine de sang froid, en pleine possession de ses moyens, décideuse. Mais d’une manière ou d’une autre, elle échoue toujours par naïveté, en se voilant la face, à cause de son extrême fragilité et/ou parce que ses instincts sont mauvais. Par ses actions directes ou indirectes, ses fils tueront pour la sauver. Et si l’impact est minime sur Dylan, voyou qui a la tête sur les épaules du haut de sa petite vingtaine, l’effet est autrement plus grave sur un adolescent de 18 ans en proie à des black-out.
Norma Bates n’est donc pas une mère comme les autres et elle doute même très ouvertement d’en être une bonne pour Norman. Pourtant son instinct maternel le plus pur et le plus innocent se révèle avec la seule jeune fille qu’elle accepte de bon cœur dans l’entourage de son fils. Avec Emma (Olivia Cook), la meilleure amie de Norman qui n’a plus de mère, elle est un intéressant substitut. Norma se montre douce, compréhensive, pleine de conseils avisés et même émue par l’intérêt que lui porte l’adolescente.
Possessive, jalouse, superbe et contradictoire, Norma Bates est l’un des personnages féminins de télévision les mieux dessinés à l’heure actuelle.
Pour incarner cette mère mythique sur petit écran, le créateur Carlton Cuse a fait un choix parfait en la personne de Vera Farmiga dont la beauté diaphane associée au jeu délicat et schizophrénique font des merveilles. Elle est une des forces de Bates Motel si ce n’est son principal atout !
Le coin des quotes
I will die if you leave. I will. I’ll die Norman. We’re like the same person
I didn’t know what I was doing but as horrible as it was, I wouldn’t trade it for anything beacause you’re here now and you are beautiful. And you’re a miracle that someone like you could come out of that. And I wouldn’t give you up for anything
Honey, sometimes you hear and see things that aren’t there
Welcome to the world ladies! There are ax murderers and whores stuffed under every rug, so your kids better read up on it and get educated, because that’s what life is! It’s a cesspool you claw and scratch and fight to swim out of but you never get to the top!
Did you just « whatever » me?
Norman, no matter what, this’ll become public. And, it’ll be in all the papers; everyone in town will know about it. Who is going to book a room in the ‘rape slash murder’ motel?
I’m just a little concerned that you seem obsessed with, uh… morbidity or something. I mean, you spend your days equally mooning over a dead teacher and taking apart dead animals – it’s just weird!
Thank you all for being here. I had this dream when I was little of a home where the door was open and friends could come and go and stay for dinner and talk. And everything would be lovely. Thank you all for giving me that
Parents do not have needs. You ever read the book The Giving Tree? It’s about this tree and this kid keeps coming and taking stuff from it his whole life until there’s nothing left but a stump and then the kid sits on the stump. That’s being a parent
My son isn’t normal, there’s something wrong with him
I don’t know why, but unhinged women seem drawn to you
Oh and by the way? My mother died. Here’s your lunch
Norma Bates is an ignorant and irresponsible asshole bitch. Every single thing is her fault.
Okaaaaaay !