Interprétée par Archie Panjabi
ATTENTION SPOILERS SUR LA SAISON 6
L’insaisissable Kalinda est l’un des personnages féminins les plus mystérieux de la télévision américaine actuelle. Une ambiguïté qui touche toutes les strates de sa personnalité et qu’elle cultive avec panache.
Tout dans la vie de cette trentenaire est secret, privé, sujet à conjecture. Kalinda Sharma n’est même pas son véritable nom (elle s’appelle Leela Tahiri) et elle n’a très probablement pas l’âge qu’elle dit avoir (25 ans) au début de la série. La jeune femme est dotée d’une personnalité à nulle autre pareille qui fait d’ailleurs tout son charme. Lui résister apparaît très difficile tant sur le plan personnel que professionnel.
Voilà qui en fait une excellente enquêtrice qui a les faveurs du cabinet Lockhart-Gardner. Ses prestations ne sont pas données mais ses investigations sont toujours couronnées de succès. Kalinda ne lâche jamais l’affaire et a recours à de très simples artifices pour retrouver un témoin manquant, un dossier enfoui… Les nombreux contacts qu’elle a pu se faire auprès du bureau du procureur lorsqu’elle y travaillait ou ailleurs lui sont redevables pour quelque chose. D’ailleurs ses capacités ne manqueront pas d’intéresser les concurrents qui lui font très souvent des offres qu’elles refusent invariablement.
Dans ce monde d’avocates à petits tailleurs strictes, la jeune femme dépote avec son look très urbain : pulls, vestes en cuir, jupes courtes et bottes. Pas l’ombre d’un sac à main (elle préfère planquer ses lunettes de soleil dans son soutien-gorge) mais elle ne se défait jamais de son portable et de son carnet noir. Manifestement la recette de son succès ! Son apparence trahit bien ce qu’elle revendique : elle ne rentre dans aucune case. Elle n’est ni hétérosexuelle, ni lesbienne, elle est quelqu’un de privé et de flexible comme elle le dira à Alicia, intriguée par sa personnalité hors normes. D’où également son statut de travailleuse indépendante qui ne la rattache à rien ni à personne. Aucune obligation, aucune responsabilité. Il ne faut pas pour autant croire que Kalinda est dilettante. Au contraire, elle est calme, pleine de sang-froid, posée ce qui la rend impossible à mettre à jour.
Qu’il s’agisse de conquêtes féminines (Sophia, Lana) ou masculines (Cary), Kalinda n’est en rien intéressée par une relation. Il faut dire qu’elle a mis du temps à retrouver cette liberté qu’elle chérit tant après avoir réussi à échapper à son mari, le truand Nick Savarese. C’est à cause de lui qu’elle changera d’ailleurs de nom. Lorsqu’il refait surface à Chicago pour mieux repartir, Kalinda montre un visage qu’on ne lui connaissait pas, celui de la peur. Le gars est dangereux et leur relation est particulièrement glauque. Peut-être est-ce lui qui la changera intrinsèquement et en fera ce qu’elle est aujourd’hui. Aucun épisode à ce jour n’a tenté sa chance dans son passé et c’est peut-être mieux ainsi car percer le mystère reviendrait à annihiler l’essence du personnage.
Elle qui fuit les gens et les sentiments va pourtant devenir amie avec Alicia Florrick. Cette relation toute en subtilité qui se construit pendant les procès et autour d’un verre le soir au comptoir d’un bar va gentiment bouleverser les habitudes de Kalinda. L’inatteignable enquêtrice baisse sa garde et commence à s’attacher à l’avocate tout en conservant un secret qui va à terme mettre en péril leur amitié. A l’époque où elle travaillait pour le procureur à savoir Peter Florrick (Chris Noth), elle a couché avec lui une fois. Évidemment, Alicia est bouleversée par cette nouvelle et rejette complètement Kalinda qui ne s’attendait pas à ressentir de la peine et une certaine forme de culpabilité. A partir de là, la relation entre les deux femmes ne sera plus jamais la même, bien qu’elle s’assouplisse, Kalinda continuant à veiller sur son amie sans que celle-ci ne le sache.
Sans jamais atteindre le degré de complicité qu’elle avait avec Alicia, Kalinda va aussi se rapprocher de Diane Lockhart (Christine Baranski), sa patronne et d’Eli Gold (Alan Cumming), le directeur de campagne de Peter Florrick auxquels elle va rendre de nombreux services. Elle prodiguera même des conseils avisés à la nouvelle enquêtrice, Robyn Burdine (Jess Weixler), elle qui a l’habitude de la jouer solo. A n’en pas douter, sa rencontre avec Alicia a changé quelque chose dans sa relation aux autres.
L’illustration la plus probante aura lieu en cours de saison 5 lorsque Will Gardner (Josh Charles) meurt d’une balle perdue. Plus qu’un simple patron, Will était l’un des rares hommes (si ce n’est le seul) en qui Kalinda avait confiance. Elle lui était indéniablement fidèle. Sa mort brutale est un choc pour la jeune femme qui va pourtant faire fi de son chagrin, prendre les décisions qui s’impose (elle annonce la nouvelle à Alicia), découvrir la vérité et rendre justice. Elle va clairement se faire violence en refusant au jeune homme responsable du tir la possibilité de se suicider en prison. Elle veut qu’il vive avec ce qu’il a fait. Will parti, Kalinda va devenir une sorte de bras droit pour Diane, les deux femmes n’ayant que du respect l’une pour l’autre.
La saison 6 sera le long chant du cygne de Kalinda dont le sens du sacrifice l’honorera. Malgré une relation plus ou moins suivi avec Lana, c’est pour Cary qu’elle décidera de falsifier des preuves et de servir la soupe à Lemon Bishop, trafiquant de drogues notoire. Au point de devoir disparaître de la circulation sous peine de finir une balle dans la tête.
Eloignée d’Alicia depuis déjà quelques temps, la dernière apparition de l’enquêtrice se fera pourtant au comptoir d’un bar comme elles en avaient l’habitude. Une scène complètement bidonnée par la production, Panjabi et Margulies refusant de respirer le même air ! Et de laquelle n’émane au final aucune émotion. Dommage.
Quel que soit le degré d’insatisfaction que laissera au téléspectateur le départ du personnage sans parler du peu de professionnalisme des deux comédiennes, manifestement incapables de passer au-delà des différences « artistiques » qui les opposaient, Archie Panjabi aura fait sur la durée un boulot exceptionnel et hissé Kalinda Sharma au sommet ! Merci l’artiste !
Voir le personnage de Diane Lockhart
Voir le personnage d’Alicia Florrick dans le livre « Femmes en séries »
Le coin des quotes
I slept with him once. Now, I do that. It means nothing to me, but I do that. Look, Alicia, I didn’t know you. I’d never even seen a picture of you. To me, you were just a housewife. Then I met you and I liked you; I liked working with you, I liked talking with you. I felt bad. I don’t like feeling bad
You and I have nothing in common. ’cause you and I are from different worlds. And it’s not just Mars and Venus. It’s spaghetti and hydrogen. We’re different cateogries. I’m knowable, but just not to you
I’m not gay, I’m… flexible
You know what I like about you? You’re three months into a ten-year sentence, and you’re plotting your political comeback
You won. He lost. So you’re gonna turn this into some morbid thing because that’s who you are. So, let’s go
Alicia, you’re a good lawyer, but you’re always waiting for people to give you things
I’m private
« He is dying. And he is trying to screw you
I don’t know. People like me
Now you’re gonna live with this. You know Will was a good man and I love him and he was trying to help you. So you live with that