Interprétée par Lucy Liu
Vivre avec un génie n’est pas de tout repos. Joan Watson pourra vous en parler ! Lorsqu’elle rencontre le fameux Sherlock Holmes (Jonny Lee Miller) dans le New York des années 2000, elle est employée par le père de ce dernier en qualité de compagnon de sobriété, une professionnelle qui aide les anciens addicts à se réhabituer à leur quotidien à leur sortie de cure. C’est la dépendance à la drogue de l’un de ses ex qui l’a conduite dans cette voie.
Pour cette ancienne chirurgienne qui a peur de reprendre le scalpel après avoir perdu un patient et avoir vu sa licence suspendue, ce nouveau travail social lui permet d’aider les autres sans le poids des responsabilités et sans avoir de nouveaux défis à relever. En cela, sa rencontre avec Sherlock est tout ce qu’il y a de plus ironique car il n’y aura pas pour elle de plus grand challenge que de parvenir à se faire entendre, être écoutée du bonhomme et canaliser sa douce folie et ses obsessions. Mais Joan est une femme patiente qui s’impose par l’intelligence et la compréhension. Elle n’est pas facilement effrayée, surprise ou énervée (heureusement étant donné le caractère fantasque de son colocataire). Elle fait gentiment part de son mécontentement par le sarcasme tant qu’il n’y a pas de réelles menaces pour Holmes ou pour elle. Par contre, en cas de danger, elle rue dans les brancards. Le reste du temps, elle est d’une patience et d’un calme qui forcent le respect.
Par bien des aspects, elle est tout aussi fragile et perdue que son patient parce que, depuis que sa carrière de médecin a sombré, elle ne trouve plus sa place dans la société et dans sa propre vie. Elle n’est pas non plus aidée par sa famille et ses amis qui lui font bien comprendre qu’ils sont déçus du chemin qu’elle emprunte.
Aussi curieuse que puisse paraître son association avec Sherlock (deux quadras célibataires qui vivent et travaillent ensemble sans aucun lien romantique), elle va donner un sens à leur existence à chacun et en particulier à Joan qui apprend beaucoup de lui. Leur relation de client à professionnelle va très rapidement se muer en une interdépendance là aussi assez amusante pour une personne qui est censée ne pas laisser un addict le redevenir. Il remplace juste une dépendance par une autre en l’occurrence, elle. Joan devient sa drogue personnelle, cette associée dont il ne peut plus se passer pour résoudre les affaires criminelles sur lesquelles il travaille.
Watson se laisse tout autant gagner par cette montée d’adrénaline, cette chance d’une vie qui lui permet d’observer un génie dans toute sa complexité. Sans le lui dire, elle va rester à ses côtés alors que le père Holmes ne la paie plus et que d’autres contrats l’appellent. Parce qu’ils ne veulent pas se quitter, ils vont arriver à un arrangement qui satisfait toutes les parties : Watson va devenir l’apprentie détective de Sherlock à laquelle il enseigne tout ce qu’il faut savoir pour devenir comme lui.
But ultime impossible à atteindre, Sherlock étant unique en son genre, Joan devient pourtant un fin limier. Son passif de médecin lui est d’une grande aide tout comme l’hygiène de vie qu’elle a gardé de cette époque et continue à suivre. Elle gagne en confiance et lutte avec les hommes de sa vie (Holmes, Gregson, le flic qui les accompagne dans les enquêtes) pour être considéré comme une partenaire à part entière et non plus la protégée du génie.
Pour autant elle semble toujours un peu surprise quand Sherlock se livre et reste abasourdie et émue quand il témoigne de sa grande valeur et de l’impact qu’elle a eu dans sa vie.
Elle n’est certes plus son compagnon de sobriété mais elle continue de veiller sur lui et de le protéger en particulier face au véritable visage de Moriarty. Personne n’a mieux cerné Sherlock Holmes que Joan Watson en l’entourant d’une efficace mais discrète sécurité qui prend les traits d’une indéfectible amitié.
Face à l’exubérance montrée par Jonny Lee Miller inhérente au rôle de Sherlock, il fallait une actrice qui parvienne à faire exister Joan par une main de fer dans un gant de velours. Lucy Liu, ancienne Ling d’Ally McBeal se révèle la recrue idéale. Nonobstant le fait que le temps ne semble pas avoir d’emprise sur elle, la comédienne incarne parfaitement l’adage selon lequel il y a toujours « une femme derrière un grand homme ». Cette fois elle n’est pas derrière, elle est juste à côté de lui ! Well done, my dear Watson !
Le coin des quotes
- « The only thing that anyone can predict about people with a hundred percent certainty is that they’ll change and anyone who thinks otherwise is kidding themselves. »
- « Faux-riarty ? »
- « I’m just curious, what was the empirical value in writing to her about my dating life ? »
- « You can stop pretending to care now. The others can’t hear you »
- « What? I’m not supposed to talk? »
- « Do you close yourself off to people, deny yourself things that might bring you pleasure? Not because it makes you a better investigator but because it’s some sort of penance? »
- « You listened. You let someone else’s scattering penetrate that attic you call a skull and you helped catch a killer. »
- « I’ve had many clients but Sherlock is definitely the most unique. I would like to know more about him. »
- « Right, I’m upset with your success which by association is my success… »
- « Sherlock is my number one priority. You will not do drugs in this house, you will not talk to him about this, and you will talk about drugs in his presence. If I feel you’ve compromised his sobriety in any way, I will report you to the police. »
- « I realize this is very important but can we finish this talk when everyone is fully clothed? »
- « I just have one question… What kind of name is Sherlock? »
- « You sure this sudden interest in my safety has nothing to do with you wanting to see two women engage in foxy boxing? »
- « But I’m just a woman with a story… »
- « I am dissecting a body in the middle of the night. We are not having a moment. »
- « Wow, and insult and a boast. »
- « What’s up with the nerd brigade? »
- « Screw your father, we can find a new place to live. »
- « This is one of those « so many questions » moments. »
- « Shut up and drink it »
- « You named a bee after me ! »
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