Interprétée par Bellamy Young
Il y a encore peu de temps, le Diable s’habillait en Prada et avait les airs de Meryl Streep et de Glenn Close alias Patty Hewes. Aujourd’hui, il a les escarpins de la première Dame des Etats-Unis, Mellie Grant.
L’adage selon lequel il y a toujours une femme derrière un grand homme se vérifie une fois de plus ici. Comme bien des épouses d’hommes d’Etats, c’est Mellie qui a permis à Fiztgerald Grant III (Tony Goldwyn) d’accéder à la présidence des Etats-Unis à bien des niveaux.
Leur rencontre et leur mariage n’est pas une question d’amour mais de manœuvre politique initiée par le père de Fitz qui rêve d’un grand destin pour son fiston. Malheureusement pour ce dernier qui n’a cure du pouvoir, sa future épouse partage l’avis de son beau père et va TOUT (le mot n’est pas galvaudé) faire pour lui permettre d’arriver à la Maison Blanche. Quitte à s’associer à un conglomérat de puissantes personnes pour fausser les résultats de l’élection présidentielle en faveur de Fitz. Chose qu’elle ne fait pas tant pour lui que pour eux en tant que couple.
Mellie est une femme brillante, diplômée avec mention de Harvard et de Yale où elle a suivi un cursus en droit. Mais plutôt que d’utiliser sa matière grise pour s’offrir une carrière politique propre qui lui tendait les bras, elle a choisi le rôle très ingrat de la gentille petite épouse qui soutient toujours son homme, une mère de trois enfants qui fait continuellement semblant (elle a horreur des bébés et instrumentalisera sa dernière grossesse). C’est là toute la dichotomie qui s’exerce chez ce personnage de méchante pas ordinaire. Elle semble s’être enfermée toute seule dans sa prison dorée. D’où une certaine aigreur mélangée à cette ambition dévorante qui a sans doute toujours fait partie de son caractère. Elle comprend fort bien que son rôle de Première Dame est ornemental et elle en souffre surtout lorsqu’on le lui rappelle de façon fort peu diplomate.
Dans leur couple, Fitz n’a jamais été le dominant et elle avoue volontiers que s’ils ne se sont jamais aimés d’amour, ils forment une excellente équipe. Ce que l’on ne peut retirer à Mellie c’est son extrême loyauté à l’égard de son mari qui n’est en rien réciproque puisqu’il va la tromper à de nombreuses reprises avec Olivia Pope et la renier. La première Dame est habituée à avaler de nombreuses couleuvres et à encaisser les coups. Aussi forte et diabolique soit-elle, la tentation de s’éloigner de ce monde qui ne veut pas d’elle est forte. Elle quittera plusieurs fois Fitz dans la discrétion pour ne pas éveiller les soupçons. Car pour Mellie, rien de telle que les apparences. D’ailleurs, pour l’Amérique, elle est cette femme avenante et souriante qui prend soin de sa famille et porte un regard tendre sur les siens. Ce qui est on ne peut plus faux quand on la voie manipuler son petit monde et obtenir les informations qu’elle désire de la part des agents des services secrets complètement tétanisée par cette Gorgone des temps modernes.
Mellie est un animal politique (comme le dit Cyrus, le conseiller de Fitz) qui se résout par phase à l’infidélité de son mari, à sa marge de manœuvre limitée, à n’être qu’un instrument. Elle est attirée comme un aimant par le pouvoir alors même que ce n’est pas le sien. Il y a donc fort à parier qu’elle ne quittera jamais Fitz d’elle-même et continuera son petit jeu de manipulation quitte à en être malheureuse.
Il y a donc bien un serpent dans le jardin de la Maison Blanche et il prend les traits de l’excellente Bellamy Young qui s’offre ici une belle revanche après avoir été une épouse de sénateur délaissée dans Dirty Sexy Money. Le personnage est déjà fort bien écrit et l’actrice le sublime chaque épisode un peu plus en montrant des aspects très divers de la personnalité de cette femme atypique. Si bien que l’on ne peut pas vraiment détester Mellie Grant. Elle épate, impressionne, fait rire, rend triste, elle est une méchante de chic et de choc !
Le coin des quotes
- « There’s a snake in the garden, Cy. A garden that we planted and cultivated and harvested. »
- « The upsetting thing about being as educated as I am and as intelligent as I am is that being the First Lady is profoundly boring. »
- « Call my bluff, Cy. I dare you. »
- « You’re not their father anymore. And you’re not Fitz anymore. You know who you are? You know who you’ve become? You’re Big Jerry. You’re your father. Everybody in this White House, Cyrus and me included, tiptoe around trying to figure out how to get on your good side. But you don’t have a good side. You’ve turned into your father. So, you should understand how your children feel considering how much you hated your dad. They didn’t want to come and so I told them they didn’t have to. Deal with it. Put another glass of scotch on top of it and just deal with it. »
- « Every married couple alive pretends. They pretend they don’t hate their in-laws or their husband’s stupid jokes or their wife’s laugh or that they don’t actually love one of their children more than the others. Marriage is, well, it’s almost all pretend. For everyone. That’s the reality. That’s what’s real. Buying into the delusion that there’s any other way to live together, to get through an entire life together, that’s, well that’s the fantasy. That’s pretending. »
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